Dans une période qui incite aux bilans et avec un recul d’un an désormais, je me suis demandé si le mouvement des Indignés (Occupy Wall Street aux Etats-Unis, l’occupation de la Puerta del Sol à Madrid et celle de la place Syntagma à Athènes - dans l’automne et hiver 2011) avait eu la prégnance que je lui prêtais. Nous savons aujourd’hui qu’il ne s’est pas traduit par des revendications précises, ni ne s’est répandu autant que prévu (notamment pas en France et très peu en Italie), que des bouleversements sensibles et commensurables avec les « printemps arabes », dont il s’était inspiré au moins dans sa stratégie, ne se sont pas non plus produits. Mais qu’en a-t-il été sur le plan des idées et des expériences ? Peut-on parler d’un mouvement tellurique à l’instar de la représentation de la crise proposée par Michel Serres ?
Pour le découvrir, j’ai trouvé intéressant de me pencher sur cette anthologie de textes produits « à chaud ». D’origines et nature plutôt différentes, ils sont regroupés en : 1) « correspondances », 2) « manifestes », 3) « démocratie réelle ! », 4) « nous sommes les 99% », 5) « demander l’impossible ? », 6) « stratégies ». Le caractère impromptu, spontané et globalement apolitique, imprévisible et momentané des trois occupations rend la majorité des textes plutôt descriptifs et concentrés sur l’instant immédiat de leur rédaction. Seules y échappent quelques théorisations de penseurs contestataires connus – Michael Hardt-Toni Negri, Naomi Klein, Angela Davis, Slavoj Zizek – qui, s’ils apportent quelques appréciables outils interprétatifs dans leur récupération des faits, semblent parfois en être un peu en décalage quand même…
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