Tel un Icare venu des étoiles, Newton, bonne pomme un peu talée par la pesanteur, est arrivé sur Terre en navette spatiale depuis sa lointaine planète, Anthéa, consommant les ultimes réserves d’énergie pour un voyage de la dernière chance. Sur Anthéa, peuplée à l’origine de Terriens, la différence technologique est considérable avec mille ans d’avance sur celle de la Terre mais après cinq guerres atomiques, seul un noyau de trois cents personnes survit. Thomas Jérôme Newton dispose de peu de temps pour réussir son entreprise, retourner sur sa planète et ramener sur Terre les survivants afin qu’ils infiltrent et occupent les principaux postes clés dans le but d’éviter une nouvelle guerre atomique. Newton doit accumuler beaucoup d’argent sur Terre. Pour se faire, il s’associe avec un avocat spécialiste de la propriété intellectuelle et ensemble ils déposent brevet sur brevet afin de protéger les inventions et innovations technologiques, fruits de la civilisation d’Anthéa et apportées sur un plateau aux Terriens par Newton à l’exemple du développement photographique instantané. Nathan Bryce, professeur en physique moléculaire, désabusé et presque en marge du système universitaire, se surprend à méditer face à un rouleau d’amorces oublié par un enfant dans son immeuble. Outre les déflagrations en rafale, les amorces ne dégagent ni fumée ni odeur. Ensuite, le visionnage d’un film aux couleurs éclatantes et à la netteté parfaite l’intrigue au plus haut point. Supputant que de tels procédés ne sont pas seulement révolutionnaires mais extraterrestres, il décide de se faire embaucher par la World Enterprises afin d’en avoir le cœur net. Sa rencontre avec le fondateur et la tête pensante de l’entreprise, T. J. Newton, va être décisive.
Avec une intrigue aussi ténue et des rebondissements quasi inexistants tout au long du récit, des invraisemblances criantes à l’exemple du dépôt des brevets immédiatement adoptés et mis en application ainsi que de l’enrichissement phénoménal de l’inventeur, l’œuvre retient l’attention avec sa haute teneur mélancolique. Newton, doté de connaissances techniques exceptionnelles, n’en est pas moins meurtri par la pesanteur terrestre et par son extrême sensibilité visuelle. Son plan chimérique de sauver les survivants d’Anthéa ainsi que les Terriens d’un holocauste nucléaire le rend tragique. On n’échappe pas à son destin. Le message écologiste précurseur de Walter Tevis est évident et son impact est d’autant plus fort qu’il ne s’embarrasse d’aucune formulation apocalyptique aujourd’hui de rigueur. Heureusement que le gin est un alcool vaguement nauséeux sinon sa consommation pourrait sensiblement augmenter à la lecture du roman. La traduction révisée est réussie mais la couverture de la collection Folio SF est assez laide, voire repoussante. Quoi qu’il en soit, la lecture est vivement conseillée. David Bowie a incarné Newton dans une adaptation cinématographique intitulée
L’homme qui venait d’ailleurs.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]