Logo Agora

 AccueilAccueil   Votre bibliothèqueVotre bibliothèque   Ajouter un livreAjouter un livre   FAQFAQ   RechercherRechercher   ForumsForums 
 MembresMembres   GroupesGroupes   ProfilProfil   Messages privésMessages privés   ConnexionConnexion 
    Répondre au sujet L'agora des livres Index du Forum » Littérature générale    
[Extrêmement fort et incroyablement près | Jonathan Safr...]
Auteur    Message
ingannmic



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 22 Aoû 2008
Messages: 737
Localisation: Mérignac


Posté: Mar 29 Mai 2012 17:04
MessageSujet du message: [Extrêmement fort et incroyablement près | Jonathan Safr...]
Répondre en citant

[Extrêmement fort et incroyablement près | Jonathan Safran Foer]

Jonathan Safran Foer n'aime pas la facilité. Les récits linéaires, les histoires à point de vue unique, ce n'est pas pour lui !
Jonathan Safran Foer aime prendre des risques. J'ai déjà eu l'occasion de l'évoquer ICI.
Jonathan Safran Foer a de la chance -et nous aussi !-, son talent est à la hauteur de ses ambitions.

Ainsi, "Extrêmement fort et incroyablement près" aurait pu être un roman extrêmement confus et incroyablement barbant, mais la maîtrise de l'auteur en fait un récit à la fois complexe et lisible, et de surcroît passionnant.

Oskar Schell, 9 ans, a perdu son père dans les attentats du 11 septembre. Oskar se distingue des autres enfants de son âge par une intelligence et une inventivité hors du commun. On devine, derrière son besoin quasi frénétique de faire fonctionner en permanence son sens de la logique et son imagination, une grande détresse et une sensibilité à fleur de peau. De rares allusions nous font supposer qu'Oskar souffre de troubles psychologiques, mais ils sont à peine évoqués et là n'est pas l'important. Ce qui compte, c'est que la ténacité et l'imagination sans borne de ce petit garçon vont le mener dans une quête singulière à travers New-York, à la rencontre de personnages parfois extraordinaires, dans un périple qui lui permettra d'amorcer son processus de deuil.

Une clé constitue le point de départ de ce périple. Un an après la mort de son père, Oskar la trouve par hasard dans le dressing-room de ce dernier, cachée dans un vase, enfermée dans une petite enveloppe portant une seule mention : "black". Persuadé qu'il s'agit d'une énigme placée là par son père à son attention (il avait en effet coutume, de son vivant, de lancer le garçon dans de multiples chasses aux trésors de son cru, utilisant ce subterfuge pour amener Oskar à aller vers les autres), il entreprend d'aller visiter tous les New-yorkais portant ce patronyme (et ils sont nombreux !) convaincu que l'un d'entre eux saura le mener vers la serrure qu'ouvre la clé.

C'est en lisant le journal d'Oskar que le lecteur suit la progression de sa quête. C'est aussi l'occasion pour lui de dire ses frustrations, ses angoisses, alimentées en grande partie par le traumatisme lié non seulement au décès de son père, mais aussi à la façon dont il a disparu (son corps n'a jamais été retrouvé), sa douleur.
Le ton est donc très émouvant, mais il est drôle aussi. L'ingénuité enfantine se mêle aux raisonnements logiques voire scientifiques d'Oskar. Ce dernier, en plus des stratagèmes les plus divers, invente à l'occasion des mots ou des expressions cocasses, et formule des réflexions dont la justesse et la spontanéité attendrissent et font sourire à la fois.

La lecture du journal d'Oskar est entrecoupée de celle de lettres écrites par ses grands-parents paternels à différentes périodes de leur vie. Certaines sont celles que son grand-père a rédigées, quelques décennies auparavant, pour le fils qu'il n'a pas connu (puisqu'il a quitté sa femme et disparu alors que celle-ci était encore enceinte), lettres qui n'ont jamais été postées. D'autres sont celles que sa grand-mère lui écrit, à la manière d'un journal également, lui décrivant les sentiments qu'elle éprouve pour lui (qu'elle juge douloureux tant ils sont intenses) et lui racontant des bribes de sa vie...

L'alternance de ces différents textes, qui peut au départ plonger dans la confusion (en raison des aller retours qu'ils nous font faire dans le temps, et de la difficulté à comprendre, parfois, qui en est l'auteur) permet peu à peu de reconstituer le parcours de trois générations, chacune marquée de meurtrissures infligées par l'Histoire et par les non-dits, les souffrances ravalées, les regrets.
Comment survivre à la perte, au manque d'un être cher ? Quelles sont les traces que laissent en nous les traumatismes, sur du court ou du moyen terme ? Jonathan Safran Foer met en scène des individus qui tentent, avec plus ou moins de succès, de surmonter les catastrophes qui ont bouleversé leurs existences.

L'écriture est savoureuse (la verve d'Oskar est un régal), les personnages, même secondaires, sont particulièrement attachants... cette lecture fut pour moi un grand coup de cœur.


BOOK'ING

----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur Wikipedia]

 Afficher toutes les notes de lectures pour ce livre
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé absent
Montrer les messages depuis:   
 
   Répondre au sujet  L'agora des livres Index du Forum » Littérature générale
Informations
Page 1 sur 1
 
Sauter vers:  
Powered by phpBB v2 © 2001, 2005 phpBB Group ¦ Theme : Creamy White ¦ Traduction : phpBB-fr.com (modifiée) ¦ Logo : Estelle Favre