Attention, livre polémique!

Ellul - toujours à contre-courant... - relève entre 1980 et 1992 que l'islam séduit les européens. En effet, le christianisme (et ses églises) ne signifiant plus rien et la société ayant évacué toute valeur humains (solidarité, justice, etc.), les Européens découvrent qu'à-côté d'eux vivent des gens de confession musulmane qui, eux, ont su garder des valeurs humaines.

Le problème? L'islam est dur. Le coran et sa tradition orale contient des paroles dures envers les femmes, les non-musulmans, il y a les pratiques obligatoires, etc. Et le Coran, contrairement à la Bible, admet difficilement une variété d'interprétations. Il semble au contraire que dans l'histoire de l'islam l'interprétation reste de type juridique (et le droit bouge peu), en dehors de quelques personnages tant vantés (à juste titre) par les européens, mystiques et ouverts à l'accueil de l'autre.

Ainsi, dans ces constats (vrais ou faux, chacun s'en fera son opinion en fonction de sa vision des choses), Ellul remet en question trois "slogans", qu'il trouve complètement honteux, parce que porteurs d'une propagande mensongère : "Nous sommes tous des fils d'Abraham" ; "Les trois religions monothéistes" ; " Les religions du Livre". S'il fallait trouver des points communs entre judaïsme, christianisme et Islam, ce n'est certainement pas ceux-là. Et Ellul explique pourquoi.

Faut-il se positionner pour ou contre? C'est - encore une fois - à chacun de voir, s'il a quelque chose à y perdre ou à y gagner. Pour ma part je trouve intéressant de lire les arguments d'Ellul concernant les trois religions. J'ai trouvé Ellul brillant dans sa présentation des trois fois (même s'il parle peu du judaïsme) et dans son argumentation. Et - connaissant une bonne partie de l'oeuvre d'Ellul - je sais qu'il ne confondait pas le musulman (une personne) avec l'Islam (une religion). Il dit, par exemple, que l'Islam n'est pas une religion de paix, contrairement à ce que l'on veut nous faire croire. Mais il ne dit pas qu'il n'existe pas de musulmans pour la paix. Il ne confond pas les choses. Il fait l'oeuvre d'un historien (qu'il était) et montre des faits historiques. Il parle aussi avec honnêteté des faits similaires (non-paisibles) perpétrés par l'Eglise. Mais il s'insurge contre une refonte de l'histoire présentant un islam doux, un islam de paix.

Je pense que c'est un livre à lire pour susciter le débat.

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