Lorque Laure, 25 ans, est nommée professeure de français en Algérie durant ce qu'il est poli d'appeler « les événements », elle n'a sur la situation aucun avis tranché, aussi le regard qu'elle pose sur ce qu'elle découvre n'est-il pas militant mais impartial. Si, à la fin du récit elle dit encore ne pas se sentir concernée par le conflit, ce qu'elle aura vécu lui aura toutefois permis de se forger une opinion, non pas fondée sur ses intérêts mais sur son ressenti. La violence, l'injustice et le mépris sont des thèmes majeurs du récit, mais l'auteur nous fait aussi ressentir le quotidien des Arabes, pris au piège, car quoi qu'ils fassent ils devront de toutes façons rendre compte, soit aux colons, soit aux fellaghas. La grande force de ce roman est de rendre l'atmosphère palpable : le doute, la peur, la suspicion s'installent très vite. Laure, jeune femme impulsive et ingénue peut parfois agacer par son comportement inconscient, « une gamine sotte » mais elle est en même temps épatante car jamais elle ne renonce à une certaine forme de liberté, jamais elle ne se plie à ce qu'il convient de penser, ou de faire.
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