En 1936, Aïta et sa famille (sa femme, ses enfants, ses beaux-parents et ses beaux-frères) sont forcés de quitter l'Espagne dans la précipitation, pour un exil qu'ils espèrent de courte durée. Or, les mois, puis les années passent, sans qu'ils puissent retourner chez eux, Franco ayant fermé les frontières. La vie s'organise alors dans le sud de la France, sans qu'ils ne puissent jamais s'y sentir chez eux, espérant toujours le retour au pays pour le lendemain. Loin du récit historique, militant (bien que les beaux-frères soient engagés politiquement), le roman déroule une chronique familiale, relate les épreuves qu'ils traversent ensemble, les états d'âme de chacun et puis malgré tout, les moments de grâce. On s'attache à cette famille, à Aïta et Ama, victimes de l'Histoire, qui subissent un destin auquel ils ne se sentaient pas du tout voués. A travers le personnage d'Ama, c'est la condition féminine dans les années 30 et 40 qui est dépeinte : absolument toutes les taches domestiques lui reviennent, sans que ça puisse jamais poser question, non seulement la préparation des repas et l'entretien du linge mais aussi le vidage des pots de chambre (même ceux des hommes de passage). A noter 2 scènes particulièrement réussies : celle où père et fils quittent la maison à l'aube pour labourer ensemble, et au-delà partager un moment de complicité silencieuse et puis la scène où l'on égorge le cochon. Une lecture facile et agréable mais le texte aurait gagné à être plus dense. Je comprends bien que le propos est de faire part du quotidien d'une famille ordinaire comme il y en a eu tant mais j'ai eu l'impression de rester un peu en suspension, qu'il manquait de contenu pour qu'il reste vraiment inscrit dans ma mémoire...
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