L’œuvre du Florentin Carlo Lorenzini (1826-1890) mondialement connu sous le pseudonyme de Carlo Collodi, du nom d’un village de Toscane, Pinocchio donc, est entré dans l’imaginaire collectif à l’instar des contes de Grimm ou de Charles Perrault. Réfractaire à la discipline et à l’assujettissement, la marionnette animée rue dans les brancards, refuse la conformité et choisit la liberté dans le jeu et l’ivresse de l’instant. Elle en paiera le prix fort puisqu’elle finira pendue lors de la première rédaction de l’histoire. Cette sortie funèbre diffusée dans le « Giornale dei bambini » en 1878 soulèvera un tollé et une vague de plaintes chez les enfants transalpins, obligeant Collodi à reprendre son récit après que les deux brigands, le chat et le renard, eurent pendu le jeune garçon à la branche d’un chêne. Les aventures du petit sacripan, mi-bois, mi-humain, véritable lutin prêt à troquer sa dépouille de bois contre des habits de chair, sont archi connues. Geppetto sculpte une marionnette dans une bûche magique qui disparaît par la fenêtre sitôt fabriquée. Pauvre, Geppetto vend sa veste pour acheter un abécédaire à son « petit garçon » mais sur le chemin de l’école, Pinocchio dilapide les quatre sous récoltés après la vente du livre scolaire et s’offre une place sous le chapiteau d’un cirque de marionnettes. Mange-le-feu, géant terrible au cœur de midinette, maître des pantins, lui remet cinq pièces d’or que Pinocchio va perdre rapidement au profit d’un renard sournois et d’un chat voleur. Il y aura encore la bonne fée, le voyage à l’île des Abeilles industrieuses, l’escapade au Pays des joujoux en compagnie de Lucignolo, la métamorphose en âne et l’engloutissement dans le requin asthmatique où gîte Geppetto.
Les éditions Mosquito ont traduit partiellement une nouvelle adaptation italienne réalisée par Frezzato. L’intégralité des illustrations n’est pas respectée mais le grand format de l’édition française permet d’apprécier plus justement la force des images d’une expressivité et d’une beauté formelle extraordinaires. L’éclat des peintures est toutefois terni par la matité du papier et des encres. Toutefois, le regard reste ébloui par la force poétique pulsant d’une œuvre graphique magistrale au service d’une histoire emplie d’une fantaisie réjouissante.
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