[Tex. Spécial n° 18, Ombres dans la nuit | Gianluigi Bonelli ; Aurelio Galleppini]
La diligence pour Nogales est plongée dans une nuit de tempête. Elle dépose dans le village claquemuré de Tubac le docteur Ferguson accueilli par le fusil de l’aubergiste. Les habitants sont tous sur le qui-vive, les nerfs en pelote car les nuits semblent peuplées de démons. Finalement, Ferguson trouve le gîte et le couvert. Il décide dès le lendemain de rendre visite à son ami et confrère le docteur Stevens qui a construit sa maison au pied de la mesa de Los Pimas, en plein désert. Ferguson disparaît sans laisser de trace hormis une lettre adressée à son fils Thomas. Deux mois plus tard, ce dernier décide de tout tenter afin d’élucider la disparition de son père. Il fait appel, via l’agence Pinkerton, à Tex Willer et à son trio d’acolytes. Entre-temps, la lune est pleine sur la mesa et les Indiens sont inquiets car la bête rôde. Cruelle, meurtrière, douée d’une force et d’une agilité hors du commun, elle sème la terreur. Tex, les pieds sur terre et les poings armés, ne croit pas au surnaturel. Il va tenter d’élucider ce mystère et la seule voie possible le mène à la maison de Stevens en compagnie de son fils Kit, de Carson, de Tiger Jack et de Thomas.
L’histoire bâtie par Claudio Nizzi détonne dans le paysage désertique de l’Ouest américain. Elle laisse une large place au surnaturel en adoptant l’étrange cas du docteur Jekyll et de Mister Hyde. Les expériences hasardeuses du docteur Stevens sont faites au détriment des Indiens. Quand celui-ci s’expliquera, Tex saura le couper sèchement : « Laissez tomber les grandes paroles et venez-en aux faits ! » et juste après : « Ce que je crois n’a pas d’importance mais reste le fait que vous avez changé des hommes en êtres monstrueux sans pour autant apporter le bonheur à personne. » Le dessin de Roberto de Angelis est élégant et beau, bien charpenté avec ses jeux d’ombre et un trait précis qui n’abuse pas des hachures et des trames. Les cadrages sont inventifs et dynamiques. Les visages sont expressifs. Les animaux et les monstres ne reçoivent pas tout à fait le même traitement graphique et apparaissent parfois patauds sous un trait presque maladroit. Cela reste néanmoins un détail car une nouvelle fois, l’édition prestige de ce Tex spécial est un régal qui se dévore sans mal, même un soir de pleine lune.
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