Dans le Milan juchée à l’orée du XXe siècle, la vieille ville transalpine exhale encore un lacis labyrinthique de ruelles, de placettes, de vieux immeubles et de cours intérieures que Jack l’éventreur aurait pu arpenter sans trouver à y redire. Le modernisme et le capitalisme entament déjà leur travail de sape mais la cité agite encore de beaux atours quand la poussière voltige alentour. Le jeune peintre Alessandro Simonetti perd sa fiancée dans un accident de tacot. Bouleversé, il a cru déceler sur la rétine de la mourante une image énigmatique qu’il va ensuite s’évertuer à reproduire sans relâche sur ses toiles. Afin d’en avoir le cœur net, il va peaufiner sa technique de tueur en série et de peintre futuriste. Protégé par son beau-père qui le chouchoute en l’absence de sa défunte fille, il erre dans l’hallucination, la folie et l’extrême lucidité mais il jouit d’une aisance financière et matérielle. La police scientifique en est à ses balbutiements et le jeune commissaire Matteo De Vitalis remonte méthodiquement les pistes du Valet de cœur, l’assassin ainsi nommé dans les médias. L’étau se resserre aussi sur le crâne du peintre désaxé qui va tenter d’orchestrer sa sortie.
Le one shot de Gigi Simeoni est intéressant à bien des égards mais on ne peut s’empêcher de ressentir le goût du déjà vu avec ce « mâtinage » de Jeckyll & Hyde, de Jack et consorts. Le dessin des décors urbains est bien ficelé alors que celui des visages laisse à désirer. Le tueur est connu d’emblée. Bizarrement, le lecteur lui cherche une éventuelle sortie honorable. On peut laisser le fumetto reposer quelque temps et le reprendre sans que le fil narratif ne soit coupé tant la trame est linéaire. Un peu d’ennui, peu d’empathie mais toujours le plaisir vivace de découvrir l’extraordinaire vitalité de la bédé italienne.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]