Aymar de Bois-Maury est tout proche des tours de son château et bien prêt à reconquérir son fief tenu par deux frères roués, véritables forteresses vindicatives. Si Aymar possède toujours l’ardent désir de recouvrer ses terres, sa vie d’aventureux mercenaire et l’âge aidant, ses forces ne sont plus aussi vives alors qu’il va devoir affronter en combat singulier un des redoutables frères, Messire Guibert, bien conscient qu’en découdre et occire par là même le prétendant légitime de Bois-Maury constituerait une fort bonne opération. Aymar ne saurait se soustraire au duel qui ne peut que tourner en sa défaveur tant Guibert est aguerri et vigoureux. Aymar a aussi épousé Dame Guenièvre dont il attend un enfant. Il est hébergé par le père de Guenièvre, Gontrand, dont les terres accolent à Bois-Maury. Les épousailles sont intéressées. L’écuyer d’Aymar, Olivier, jaloux de Guenièvre qui s’est accaparée le chevalier, ne dessoule guère mais c’est pourtant lui qui assistera Aymar jusqu’à son ultime souffle. Des amis anglois sont aussi venus prêter main-forte à Aymar, William secondé par John. Tout ce petit monde empêtré dans le marigot de ses ambitions est prêt à en découdre mais Guenièvre est kidnappée de manière à stopper les velléités d’action d’Aymar et de sa troupe le temps que des renforts arrivent. Olivier sait où se trouve séquestrée Guenièvre mais sa « disgrâce » vis-à-vis d’Aymar le contraint à agir seul. L’affrontement va avoir lieu, inévitablement, pour la possession de Bois-Maury. La vie sera mise en perce et la victoire amère.
Le 10e album dédié à Olivier, le fidèle écuyer d’Aymar, termine le 1er cycle des Tours de Bois-Maury avec une indéniable maîtrise narrative et un talent graphique évident, surtout dans la deuxième moitié de l’histoire, au moment du rapt de Guenièvre. L’ambiance automnale est splendidement rendue et les grisailles nocturnes magnifient le trait du dessinateur. Entre le symbole du cerf aux abois et les ors d’automne que le vent disperse, la mélancolie nimbe le récit d’une aura diffuse et tenace alors que la vie s’essouffle avant de s’incarner à nouveau dans le grand mouvement de la marche du monde. Herman prend moult libertés avec l’histoire du Moyen Âge, ici la période vague du XIIe siècle, quelque part en Europe occidentale. Le parler d’époque est plus qu’approximatif ; il est fantaisiste mais il ne choque pas. L’auteur ne vise pas la vérité mais la crédibilité et développe des sentiments qui lui sont chers, la violence, la trahison, l’amitié, l’amour et son corollaire, la mort et des thèmes récurrents comme le racisme ou les inégalités sociales. Herman ne s’embarrasse pas de fioritures et montre l’homme tel qu’il le sait et le sent. Loin d’être bâclé, ce 10e tome est probablement le plus réussi de la série. Le cycle suivant scénarisé par Yves H. ne présente plus aucun intérêt.

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