Nouvelle pièce au puzzle des mémoires de Coetzee, "L'été de la vie" nous montre le futur Prix Nobel dans la trentaine ; il vient de rentrer en Afrique du sud et vit seul avec son père dans la banlieue du Cap. Il est célibataire et travaille comme enseignant remplaçant ou donne des leçons d'anglais dans des cours privé... C'est la pleine époque de l'apartheid, les années 70...
Mais ça serait trop facile à Coetze de se raconter d'une manière linéaire. Lui qui aime se cacher derrière la 3e personne du singulier, va élaborer un stratagème pour désorienter le lecteur afin que celui-çi ne sache pas vraiment si ce qui est raconté dans le livre se rattache vraiment à Coetze ou si une part de fiction n'est pas introduite sciemment par l'auteur lui-même !
Coetzee par d'un postulat : il est mort ! Un écrivain anglais désire écrire une biographie sur le Prix Nobel 2003. Pour ce faire il part recueillir les confidences de quelques personnes qui l'ont connu. Et plus particulièrement quatre femmes qui furent proches de lui à des degrés divers (amies, maîtresses,cousine....).
De ces paroles de femmes se dessine un portrait peu flatteur de J M Coetzee. Il nous apparaît terriblement introverti, un "orphelin du coeur" comme il se qualifiait lui-même dans un de ses précédents livres. Ses relations amoureuses semblent porter tout le poids de son éducation puritaine . Des passages nous le montre vraiment macho avec les femmes ou d'une froideur intimidante dans ses rapports quotidiens avec ses semblables. Et pourtant ,tout antipathique que soit ce portrait, on soupçonne que derrière ces traits se cache un autre Coetzee. Un Coetzee écorché vif ,hyper sensible, un Coetzee gauche et secret .
Ces interviews imaginaires sont aussi l'occasion de dévoiler les positions de l'auteur sur la politique et particulièrement sur la politique Sud-Africaine.
"L'été de la vie" montre simplement un homme terriblement humain dans ses erreurs, ses foucades, ses regrets. Et c'est à l'honneur de Coetzee de n'avoir pas biaisé dans le dévoilement de ses sentiments (même si c'est par la "médiation" de "ses" femmes...).
Un passage. "Etait-il à l'aise avec quiconque ? il n'était pas homme à être à l'aise . Il ne se détendait jamais. Je l'ai vu de mes propres yeux. Alors était-il à l'aise avec les noirs ? Non, il n'était pas à l'aise avec les gens qui étaient à l'aise. L'aise que manifestaient les autres le mettait mal à l'aise."
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