[Les Papalagui - Les étonnants propos de Touiavii, chef de la tribu de Tieva dans les îles Samoa | Erich Sheurmann, Dominique Roudiere (Traducteur)]

Un habitant des îles des Samoa donne un avis circonstancié sur la vie des Papalagui (c'est-à-dire les occidentaux), après une visite de nos lointaines contrées, et ce dans les années 1930.
Son avis couvre un certain nombre de domaines : l'habillement, le travail, l'argent, entre autres.
C'est en partie gentillet, en partie crispant, ce n'est en tout cas pas vraiment révolutionnaire : certes, ce n'est pas bien de ne vivre que pour l'argent ; bien sûr, le travail peut être abrutissant. Par contre, condamner la pensée, trouver à redire au cinéma et aux livres, condamner en bloc la science, alors là pardon, mais je ne suis pas trop d'accord.
En plus ça laisse entendre que les samoans, eux, ne pensent pas et n'ont pas de culture. Comment ça? pas de culture du côté des Samoa? depuis quand? pas d'art? pas de pensées? tss tss tss.
J'en viens à penser que ce livre est quelque peu bidon...
En critiquant la pensée des occidentaux, en critiquant leur travail (qui est critiquable, entendons-nous bien, mais pas en tant que tel, plutôt dans la manière dont il est appliqué), le commentateur samoa met en exergue une certaine image du Samoan : glandeur, grand fêteur devant l'éternel, insouciant, voire infantile, image très généraliste que je trouve fumeuse. D'ailleurs, l'occidental n'échappe pas aux généralités en tous genres : le seul européen rencontré insouciant du temps qui passe est un fou, le seul européen insouciant de l'argent est un clodo. J'ai du mal à croire qu'un tel observateur du monde occidental (parce qu'il faut un sacré don d'observation malgré tout) soit aussi benêt dans ses conclusions.
Et puis les descriptions sont vraiment trop grossières, on dirait parfois un dictionnaire du monde moderne à l'usage d'un homme préhistorique (à une époque où les Samoa étaient, a priori, déjà sous colonisation européenne) ; la description du livre, par exemple, comme un ensemble de feuilles réunies (les feuilles ayant fait l'objet d'un descriptif par ailleurs), alors que dans un autre endroit, le narrateur parle explicitement de la bible (donc d'un livre, non?), c'est un peu louche, je trouve.
Et pour faire une transition des plus à-propos, cerise sur le gâteau, un joli chapitre sur la religion, dans lequel le narrateur encense la religion chrétienne, tout en rejetant l'ancestral animisme samoan. Bon, ok un joli livre de missionnaire. Où est l'objectivité du narrateur? Où est son intelligence, sa lucidité? Un livre pareil, aussi orienté, que ça vienne des Samoa ou pas, ça m'énerve pas mal et même que ça ressemble à de l'obscurantisme chrétien des premiers temps, façon "chercher à expliquer les choses que Dieu a faites c'est pêché", et vraiment ça m'énerve.
Je vais m'en débarrasser au plus vite.

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