[La Salamandre. 201, Aventures d'une noctambule | Julien Perrot]

Revue bimestrielle helvète adaptée au lectorat français, La Salamandre en est au n° 201 et reste toujours gaillarde dans sa vingt-septième année d’existence. En 1983, Julien Perrot, à l’âge de 11 ans, créateur de la revue naturaliste et actuel rédacteur en chef, a fait une rencontre lumineuse avec une salamandre dans une forêt suisse. Le n° 1 paraît en octobre de la même année sous forme dactylographiée que le naturaliste en herbe distribue autour de lui. Le journal de la nature va prendre de l’ampleur dans les années suivantes et trouver un public fidèle. Une version française va voir le jour dans les années 2000 avec le même dossier de fond et des articles plus adaptés à l’hexagone notamment l’escapade naturaliste. La revue se décline en une version visant les 6-12 ans sous le titre de La Petite salamandre. Un festival éponyme a lieu en automne à Morges, en Suisse. Un film nature sur DVD, un CD audio et un CD reprenant l’intégralité des numéros depuis 1983 accompagnent chaque année La Salamandre. La revue est disponible uniquement sur abonnement, évitant ainsi un gaspillage de papier avec les retours d’invendus. Enfin, un mini guide, dépliant cartonné adapté au terrain, issu du thème central traité dans le numéro, permet de reconnaître les espèces dans la nature à l’aide de clés d’identification simples et d’illustrations toujours soigneusement réalisées. La revue naturaliste de vulgarisation s’adresse aux néophytes mais informe avec exactitude sur les mœurs des chouettes dans le présent numéro. Le lecteur se régale des superbes dessins couleur pleine page et des multiples photographies ; il voit toujours de quoi s’émerveiller car l’animal se découvre dans ses comportements intimes, voire secrets. Ainsi, quand la nuit arrive, la hulotte bâille avant d’étirer ses ailes. Ses plumes alaires sont dotées de dents fines rendant le vol totalement silencieux. Elle voit parfaitement bien en plein jour même avec le soleil de face mais la nuit ses pupilles se dilatent jusqu’à occuper totalement l’ouverture oculaire. Son disque facial amplifie les sons perçus et un très léger décalage d’une oreille à l’autre permet de localiser avec précision l’objet de son attention. Son régime alimentaire, la parade nuptiale avec le toilettage mutuel entre adultes consentants, l’élevage des jeunes ainsi que les études dont la chouette fait l’objet sont évoqués et présentent de l’intérêt. Les autres espèces ne sont pas ignorées puisque l’effraie a sa double page, les chevêches leur portrait ainsi que la chevêchette, la chouette de Tengmalm et les différents hiboux. On redécouvre les performances du plus petit des hiboux, le petit-duc, « pas plus gros qu’un merle », insectivore mangeur de criquet et de cigale, capable de franchir des montagnes à 3 200 mètres et de traverser Méditerranée et Sahara. D’autres rubriques très attrayantes alimentent la revue. Les interviews d’un naturaliste inconnu du grand public restent toujours une agréable découverte et la sortie pédestre naturaliste dans un site français préservé, carte surlignée à l’appui, est d’un réel intérêt, ici un périple linéaire le long de la Drôme dans la réserve naturelle des Ramières. L’ensemble des articles forment une somme d’informations très digestes, distillées avec soin, pédagogie et intelligence à l’aide d’une mise en page aérée et d’un cortège d’illustrations bien choisies et souvent très belles. Chaque numéro est à conserver soigneusement car il se bonifie avec le temps. Il n’existe pas d’équivalent dans la production française consacrée à la nature, hormis La Hulotte, justement.

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