Dans ce livre, Lewis analyse ce qu'est la "prière individuelle".
Il ne s'agit pas d'une oeuvre théologique, mais des réflexions de l'auteur sur le sujet, dans un recueil de correspondances que celui-ci entretient avec un certain Malcolm.
C'est un bouquin qui nous apprend des choses sur l'auteur et sa pratique religieuse. Ses réflexions peuvent nourrir les nôtres, d'ailleurs, qu'on en soit proche ou loin (je devrai dire tantôt proche, tantôt lointain!).
Rappel, Lewis était anglican. Du coup, ce livre peut aussi nous introduire à quelques réflexions / découvertes du monde anglican.

Ceci étant dit, je n'ai trouvé de franchement passionnant dans ce livre. Hormis - pardon - toute la réflexion sur ce qu'est réellement la prière et ce qu'elle n'est pas. Ca, c'est assez intéressant. Et il y a un chapitre qui surpasse, dans ma sensibilité, tous les autres, c'est le chapître 17, intitulé "nature et prière". En voici, en guise de fin de note, quelques extraits :

Vous m'avez d'abord appris ce grand principe : 'Commencez votre prière à l'endroit où vous vous trouvez'. J'avais pensé qu'on devait tout d'abord évoquer ce que nous croyons de la bonté et de la grandeur de Dieu, penser à la Création, à la Rédemption et à tous 'les bienfaits de cette vie'. Vous vous êtes tourné vers le ruisseau; une fois de plus, vous avez éclaboussé votre visage brûlant et vos mains à la cascade, puis vous avez dit : 'Pourquoi ne pas commencer ici?'

Et ce fut concluant, à un point qu'apparemment, vous n'avez jamais soupçonné. Ces coussinets de mousse, cette fraîcheur, cette musique champêtre et ces jeux de lumière, représentaient sans doute de piètres bienfaits comparés aux 'richesses de la grâce et à l'espoir de la gloire'. Mais ces dons étaient manifestes à ce moment-là et, par rapport à eux, la vue avait remplacé la foi. Ils n'étaient pas l'espoir de la gloire, mais une manifestation de la gloire elle-même.

Pourtant, me semble-t-il, vous ne me disiez pas que la 'nature' ou les 'beautés de la nature' étaient les témoins de la gloire. Aucune abstraction telle que 'nature' ne s'en mêlait. Je m'initiais à la doctrine bien plus secrète selon laquelle les plaisirs sont les traits dont la gloire se sert pour frapper notre sensibilité. Selon qu'elle touche notre volonté ou notre intelligence, nous lui donnons des noms différents : bonté, vérité, etc. Mais son effet fulgurant sur nos sens et notre humeur constitue le plaisir. (...)

Depuis lors, j'ai essayé de transformer tout plaisir en état d'adoration. Je ne parle pas seulement de reconnaissance. Sans doute, devons-nous remercier, mais je veux dire autre chose. Comment m'exprimerai-je? On ne peut - ou du moins je ne peux - percevoir seulement un son dans le chant d'un oiseau. Son sens et son message ('C'est un oiseau') l'accompagnent inévitablement. De même, on ne peut regarder un mot familier comme un signe purement visuel. Lire est un acte aussi spontané que voir. Quand le vent fait rage, je n'entends pas seulement un hurlement : 'J'entends le vent'. De même, il est possible de 'lire' aussi bien que d''avoir' un plaisir. (...) Goûter un plaisir et reconnaître sa source divine sont une seule et même expérience. Ce fruit céleste exhale instantanément le parfum du verger où il croît. Cet air embaumé murmure la chanson du pays d'où il vient. C'est un message. Nous reconnaissons que nous sommes touchés par un doigt de la main qui dispense des plaisirs pour l'éternité. Point n'est besoin de remerciements ni de louanges en tant qu'évènements séparés et survenant après coup. L'expérience d'une petite apparition divine est en soi-même un acte d'adoration.

La reconnaissance se traduit ainsi à juste titre : 'Comme Dieu est bon de me donner ceci'. L'adoration dit : 'Quelle doit donc être l'excellence de cet Etre dont l'éclat lointain et fugitif est une lumière aussi fulgurante? A partir des rayons, l'esprit s'élance vers le soleil.'


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