Très librement adaptées des premiers romans d’Edgar Rice Burroughs, créateur du mythe de Tarzan dès 1912, les quatre histoires scénarisées par Gaylor Dubois et dessinées par Russ Manning édulcorent considérablement l’histoire originelle, autrement plus riche, invraisemblable et palpitante. Les romans se dévorent d’un bout à l’autre. L’intrigue est haletante, le récit bourré de rebondissements. Il y a chez Tarzan of the Apes une telle force primitive que la veine ne s’est toujours pas tarie aujourd’hui en dépit d’adaptations cinématographiques essentiellement médiocres. La bande dessinée a su restituer parfois avec génie la puissance de feu du mythe. Trois grands noms sortent du lot, le premier a mettre en planche l’homme singe, Harold Foster (1892-1982), suivi par le génial Burne Hogarth (1911-1996), maître insurpassable et relayé bien plus tard par l’élégant Russ Manning (1929-1981) à la fin des années soixante. Son trait est précis, d’une rare beauté. La bestialité de Lord Greystoke qui éclatait sous les pinceaux de Burne Hogarth est ici totalement oubliée. Les corps sont sans aspérité, les ombres finement hachurées. Des quatre histoires présentées ici, la dernière est la plus intéressante. Le fils de Tarzan, Korak, doit être éduqué comme un parfait gentleman mais il passe son temps à se suspendre dans les arbres, au grand dam de son précepteur. L’histoire est totalement fantaisiste mais Russ Manning prend un grand plaisir à tout mettre en image et le résultat dispense toujours autant de bonheur au lecteur. L’édition est de qualité avec une excellente impression qui fait ressortir les ombres et les beaux aplats de couleur. Il n’y a plus qu’à espérer que les autres volumes suivent rapidement dans le même esprit car les planches dominicales dessinées par Manning et publiées naguère en version française dans Télé Poche et Nous Deux sont de pures merveilles à découvrir.

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