J'ai trouvé étrange ce petit roman de 153 pages dans lequel le personnage, introverti, un peu à l'écart, atteint de troubles obsessionnels compulsifs de la pensée mais tendre et affectueux, va visiter sa grand-tante tous les 15 jours dans un hospice. Il lui apporte un peu d'affection et d'attention. Il fait la connaissance d'un ancien ami qui n'est pas très recommandable et l'aventure qu'il aura avec sa voisine du dessous, aura raison du temps qui passe et des habitudes.
En même temps cet homme endosse des identités pour mieux perdre la sienne.
Il est personne et tout le monde en même temps et c'est ce contraste qui est intéressant.
Il est le narrateur et raconte sa vie, morne et solitaire, avec précision. Le sens du détail ne lui échappe pas. Cela crée des situations parfois grotesques et loufoques mais il nous embarque dans son existence et nous nous sentons proches de lui. Alors peut-être que ce Monsieur personne précisément est le Monsieur tout le monde que nous côtoyons chaque jour. Son véritable nom n'est jamais cité afin sûrement de le laisser prendre la place des autres auxquels ils ressemblent.
J'ai noté que si au début il réfute, l'idée d'être quelqu'un d'autre, à la fin il ne dément pas les croyances et fait comme s'il était la personne avec laquelle on le confond. Il joue le rôle qu'on lui attribue.
Il a une façon spéciale de décortiquer tout ce qui lui arrive. Il se triture l'esprit, lui même il dit qu'il dépense tellement d'énergie à imaginer les causes de ce qu'il lui arrive, que son cerveau pourrait faire tourner une turbine. Le lecteur, parfois en aurait presque mal à la tête....
J'ai aimé la description de ces visites à sa grand-tante; Derrière son désarroi se cache un homme profondément humain.
Joël Egloff se sert de la poésie et du comique de situations pour donner l'impression d'angoisse constante.
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