Le conte benniwah explique aux enfants indiens comment Chilamatscho a su faire danser les ours alors trop nombreux, saccageurs de nids et dévoreurs de miel afin que les tribus puissent enfin récolter une partie du miel des sœurs abeilles et disposer de la « douceur dans leurs tipis ». La danse de l’ours pourrait aussi bien être celle de Milo Milodragovitch, pataud, perdu et généreux, teigneux mais aussi bon comme le pain quand l’occasion le sert. L’entrée en matière du roman est aussi une rentrée dans le lard. L’empoignade avec le facteur est une belle réussite et pose tout de suite son homme. Ancien détective privé reconverti en simple agent de surveillance, Milo a quarante-sept ans, un fils qu’il ne voit plus, adopté par le mari d’une ex, marri à son tour car devenu lui aussi ex et encore quatre autres ex épouses derrière lui. Il vivote mais à ses cinquante-trois ans, il devrait toucher l’héritage paternel bloqué par testament. En attendant, il tient avec un peu de coke et rêve de passer l’hiver au chaud, loin du Montana, dans une contrée plus ensoleillée, au Mexique. Une ex de son défunt père, Sarah, le contacte afin de lui confier une filature en apparence anodine. La vieille dame passe une partie de ses loisirs à épier de sa terrasse ses voisins et les rendez-vous clandestins d’un couple d’inconnus l’intriguent. Elle est riche, généreuse et Milo s’ennuie. Alors, pourquoi ne pas accepter ce job peinard ? De filature en harponnage, Milo fait main basse sur des armes et de la coke d’excellente qualité mais les ennuis arrivent vite et le détective n’est pas un héros. Il a peur, est assailli de doutes, tergiverse et fait aussi n’importe quoi. Les tueurs sont à ses trousses. Ils sont équipés et déterminés. L’été indien a fait place à une tourmente de neige. Sarah et sa nièce Gail se sont volatilisées. Ont-elles été kidnappées, liquidées ou encore se sont-elles mises au vert ? Milo ne sait plus à quels saints se vouer et sa consommation personnelle de cocaïne augmente en conséquence. Un snif lui permet de rester sur les rails et d’affronter le monde comme il se délite. Aidé de Simmons dévoué corps et âme, Milo décide d’y voir clair et de reprendre les rênes en main mais l’ennemi a les moyens de ruer dans les brancards. Le tout finira par une belle boucherie, au calibre automatique .25, à l’Ingram .380 et à la grenade. Simmons a peur de mourir, Milo a la trouille de donner la mort et les méchants en face n’ont pas d’état d’âme à ce sujet. Milo finira pas découvrir qui se cache derrière tout ça et la vérité n’est pas gaie.
Le roman de James Crumley est bien écrit mais curieusement, il ne sonne pas juste. Milo est le narrateur et parle donc à la première personne. Le lecteur peine à croire que des pensées puissent être aussi bien formulées dans la tête d’un homme le plus souvent allumé par un snif de coke, speedé par l’action et l’adrénaline concomitante. L’adhésion à l’histoire s’en ressent. Au lieu d’être dedans, le lecteur est un peu dans la position de Milo, légèrement décalé.
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