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[Une société sans école | Ivan Illich]
Auteur    Message
Laudateur



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Posté: Lun 22 Mar 2010 12:15
MessageSujet du message: [Une société sans école | Ivan Illich]
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Et paf! Une claque...
J'avais lu la convivialité, que j'avais bien aimé, mais bon, rien de transcendant pour moi. Un bon livre, quoi, mais qui ne renversait rien.
Et je me suis dit, je vais quand-même aller plus loin avec Illich.
Une société sans école m'a fait le même effet que mes premiers livres d'Ellul (qui continue à me faire cet effet, mais que voulez-vous, on s'habitue ;-D). Ici, non seulement Illich met des mots sur un discours que j'ai depuis longtemps, sans que j'aie jamais rien lu ou entendu à ce sujet (à savoir : l'école n'est pas l'instrument d'une éducation juste, on y ingurgite un savoir inutile qui ne nous aide pas à vivre en société), mais - évidemment - en dépassant ce discours par une analyse beaucoup plus profonde et en proposant d'autres modes éducatifs.

Je suis sur le cul, voui voui. Et Illich va devenir, je le sens, un autre auteur dont je vais lire la bibliographie (et avec lequel je risque de vous saoûler - comme Jacques Ellul!).

Pour ceux et celles qui croient que l'éducation scolaire est indispensable et produit l'émancipation des peuples (ha! ha! ha!), lisez ce livre. Pour ceux qui n'y croient plus, lisez-le aussi! Illich parle de descolariser la société. Ca fait bizarre parce qu'on croirait entendre des propos de super-libéral au sens économique du terme. Il n'en est rien.
Illich montre - ce n'est pas le premier ni le seul - comment l'éducation scolaire reproduit les inégalités, voire les renforce, et comment finalement, la foi en l'éducation prend le pas sur la foi au christianisme, comment l'école est l'église de l'ère laïque, ce qui explique pourquoi le débat est si passionné.
Illich, homme de gauche, n'a pas dû se faire apprécier par la Gauche avec ce livre.
Ben c'est ça quand on démasque les idoles, en même temps.
Alors oui, rien que par curiosité, ça vaut le coup d'y jeter un oeil. Et, pourquoi pas? de militer pour une autre éducation pour nos bambins.

----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur Wikipedia]


Dernière édition par Laudateur le Lun 01 Nov 2010 17:13; édité 1 fois
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Auteur    Message
mamoune




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Posté: Lun 22 Mar 2010 13:14
MessageSujet du message:
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Je travaille dans une structure pour ados qui accueille des jeune de 14 à 20 ans, c'est un ITEP (Institut Pédagogique Éducatif et Pédagogique) qui a comme particularité de ne pas avoir d'école spécialisée interne car notre projet est de maintenir ces jeunes dans le milieu "ordinaire" et nous travaillons et sommes en lien étroit, pour ce faire avec les collèges, terrain de formation.
Cette structure existe depuis 4 ans maintenant et nous faisons le constat actuellement que ce n'est pas facile du tout et que peut-être ce n'est pas, pour certains jeunes, "l'idéal" d'être ainsi maintenu "à tout pris" dans une scolarité ordinaire......autant te dire que ta note et ton livre m'intéresse je crois bien que je vais le faire acheter par notre structure !! Smile
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Re: [Une société sans école | Ivan Illich]
Auteur    Message
apo



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Posté: Mar 23 Mar 2010 8:42
MessageSujet du message: Re: [Une société sans école | Ivan Illich]
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Ce livre doit être un classique : je l'ai trouvé cité à plusieurs reprises, notamment par Serge Latouche, mais aussi, si ma mémoire est bonne, par Bourdieu - qui s'occupe de la reproduction des inégalités par l'éducation dans l'essai La Reproduction notamment. (Soudain, je ne suis plus sûr : les deux ouvrages sont pratiquement contemporains, début années 70, je crois).
Quant aux proximités de Illich avec "ton" Ellul et avec l'anarchisme chrétien, elles sont encore plus évidentes...
Bien sûr, tout ce qui désacralise et conteste l'école trouve chez moi une adhésion de principe et un grand sourire d'aise... Very Happy
Cependant :

« Laudateur » a écrit:

Illich montre - ce n'est pas le premier ni le seul - comment l'éducation scolaire reproduit les inégalités, voire les renforce, et comment finalement, la foi en l'éducation prend le pas sur la foi au christianisme, comment l'école et l'église de l'ère laïque, ce qui explique pourquoi le débat est si passionné.


cette déscolarisation de la société a bel et bien eu lieu depuis, et des modifications de programmes qui se voulaient conçues pour la réduction des inégalités... La foi en l'éducation républicaine et laïque... parlons-en Confused
Alors ?
Je trouve que ces ouvrages (ou en tout cas leurs idées) ont plutôt mal vieilli. Aujourd'hui, je m'interroge, comme tant d'autres, avec perplexité et peut-être une pointe de regret pour la cohérence si implacable d'une évolution tellement inhumaine Crying or Very sad
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Auteur    Message
Laudateur



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Posté: Mer 24 Mar 2010 15:16
MessageSujet du message:
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"comment l'école et l'église de l'ère laïque", il faut lire "est", pardon pour la frappe.
L'école est l'église de l'ère laïque.
Descolarisation? La seule que j'ai vue c'est celle des gamins qui refusent de se faire chier sur les bancs de l'école - et qui refusent, du coup, ce système éducatif.
Ah, il y a bien, comme tu dis, les réformes de l'éducation... m'enfin, ne parlons pas de descolarisation, hein.
Non, on voit des adaptations, surtout liées au fait de permettre aux jeunes de sortir plus tôt de l'école pour... ben pour quoi au fait? Pour pointer au chom? ou bosser à l'usine. oué, ça doit être ça.

Ce qui manque, et c'est le point de Illich, c'est une politique éducative antiscolaire. Mais éducative quand-même, c'est-à-dire qu'on permette aux gens de se former tout au long de la vie. Mais alors, dans ce que préconise Illich, ça implique un changement radical de société, que ni la droite ni la gauche ne supporteraient, puisqu'il faudrait alors sortir de la société économique...

Mal vieilli, forcément, comme toutes les idées fortes (idées pratiques, ceci dit), parce que personne n'a relevé le défi et que plus personne n'ose les brandir "à cause que" ça fait pas sérieux en cette ère où toutes les utopies sont interdites. Toutes, non bien sûr : l'utopie économiste a de beaux jours devant elle. C'est les autres utopies qui doivent être enterrées.
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apo



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Posté: Mer 24 Mar 2010 23:54
MessageSujet du message:
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« Laudateur » a écrit:
des adaptations, surtout liées au fait de permettre aux jeunes de sortir plus tôt de l'école pour... ben pour quoi au fait? Pour pointer au chom? ou bosser à l'usine. oué, ça doit être ça.


... ou alors, je suggère, pour entériner l'idée déjà bien ancrée dans la mythologie sociale contemporaine (mais s'agit-il de mythologie, après tout ?) que le divorce est accompli entre instruction supérieure et "ascenseur social". Et c'est ce que je me permets d'appeler "déscolarisation de la société". Bien évidemment cela est en rapport direct, immédiat et inextricable avec l'utopie économiste.

De plus, il y a autre chose aussi, à part la sortie précoce : c'est la disqualification des "humanités" (le mot est noté comme vieilli dans le Petit Robert, alors que ne l'est pas son correspondant anglais...) Ces studia humanitatis qui ont été - à juste titre - pointées du doigt comme le symbole du capital culturel transmit de façon héréditaire, bien avant et au-delà de l'école (ou en-deçà, si on veut), et en même temps comme le moyen principal, à travers la sélection scolaire, de la perpétuation trans-générationnelle des privilèges de classe (notamment bourgeois). Oui, d'accord.
Les humanités ont donc été supplantées au profit de l'utile (entendez utile au marché du travail et de la production), au profit des sciences et technologies d'abord, et plus récemment au profit des fameuses et glorieuses écoles de commerce. Et là l'utopie économiste marque sans doute son apogée.
Et pourtant en France nous jouissons encore de cette aristocratie méritocratique et républicaine que sont les Grandes Ecoles, toujours remises en question d'ailleurs. Mais voilà : au nom de la démocratisation de l'instruction et du partage du capital culturel, l'on constate que depuis le début des années 70, lorsque ces auteurs dont l'on parle ont dénoncé le système comme ils l'ont fait, la proportion d'élèves des Grandes Ecoles issus du milieu populaire n'a fait que décroître ; et en considérant la transmission héréditaire des positions de pouvoir (symbolique, culturel et économique tous à la fois), elle n'est certainement pas devenue plus démocratique, bien au contraire. L' "inflation" des diplômes universitaires en a simplement produit la dépréciation : ce qu'il fallait démontrer... (Encore "déscolarisation", parfaitement, même si cela peut sembler paradoxal ; c'est une question de représentation...).
Quant à la critique de fond sur l'utopie économiste et toutes ses culpabilités à ce sujet-là (comme sur tant d'autres), je suis sûr que tu ne peux douter de la convergence de mes idées avec les tiennes... Néanmoins, dans ce contexte dans lequel nous vivons, parler de "politique éducative antiscolaire" me semble tellement dangereux que je le qualifierais presque de criminel...! (et ces criminels-là existent : ils sont tout près de nous).
Les enseignants sont les pires conservateurs, c'est là le moindre de leurs nombreux défauts, mais gare à leurs ennemis, qui sont souvent encore plus néfastes... [Bon, par cette dernière phrase je parviens en même temps à me mettre à dos la cohorte d'honnêtes profs, ainsi que leurs détracteurs !]
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Laudateur



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Posté: Jeu 25 Mar 2010 8:46
MessageSujet du message:
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Oui, tu as parfaitement raison : nous nous tenons sensiblement sur la même ligne. La différence, c'est que je ne cherche pas (à l'image d'Illich dans son livre, ce qui m'a d'ailleurs super surpris) à justifier cette position déscolarisante (???) par rapport aux ultralibéraux pour qui déscolariser signifier détruire la transmission des savoirs élémentaires, voire la destruction de tous les savoirs "inutiles". Et c'est bien vrai que c'est là la tendance : détruire le savoir et l'instruction (et arrêtons de parler d'éducation... mais c'est un autre - vraiment? - débat).

Pour Illich, descolariser, ça veut dire en finir avec l'école comme outil de propagande d'Etat (c'est sans aucun doute ce qui se cache derrière le mot "éducation nationale" : la nation va vous éduquer, mes gaillards), et en finir aussi avec l'absolue nécessité des diplômes pour "avoir le droit" (mais non les moyens!!!) d'exercer une activité professionnelle (=concurrence, course au diplôme et impossibilité pour les personnes qui ont les compétences, mais non les moyens, d'accéder à des professions adaptées).

Bon, ben maintenant, Apo, j'ai vraiment, vraiment hâte que tu lises cet ouvrage! ;-D car ton regard m'intéresse vivement.
Une précision : le côté "anarchisme chrétien", bien évident, bien sûr, quand on connait le parcours d'Illich, n'est pas si évident que ça dans ce livre.

Mamoune, merci pour ton post. Je t'encourage à le lire, évidemment (ça peut te donner plein d'idées en terme d'activités, en tout cas moi j'en ai!!!). J'attends ta note de lecture avec impatience (quoi, déjà? ben voui!)
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mamoune




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Posté: Jeu 25 Mar 2010 18:30
MessageSujet du message:
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je trouve vos échanges très intéressants.....j'ai commandé le livre. Very Happy
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Laudateur



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Posté: Lun 01 Nov 2010 17:35
MessageSujet du message:
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Je poursuis ma lecture des oeuvres complètes, ce qui m'amène à relire "une société sans école". C'est bon de lire deux fois un tel livre! J'y ai vu des choses à peine aperçues lors de ma première lecture, et ce qui m'a "claqué" la première fois ne m'a pas sauté aux yeux ce coup-ci... C'est dire si j'ai lu - du coup - non pas avec des yeux neufs, mais avec de nouveaux yeux (vous me suivez???)


Deuxième livre de la compilation : "Ivan Illich, Oeuvres complètes volume 1"

Ce livre, donc, est très clair sur ce qu'est l'éducation d'un humain, et démontre en quoi la scolarisation obligatoire échappe à une véritable éducation et à un véritable apprentissage des savoirs et connaissances. Oui, bien sûr, l'école a changé, a subi des mutations, mais globalement elle reste la même, puisque c'est elle qui sanctionne des diplômes, donc détermine qui a le droit d'exercer tel ou tel métier, en vertu d'un papier qui se base sur des connaissances abstraites plus que sur des qualités pratiques. De plus, la scolarité obligatoire ne profite majoritairement qu'aux personnes qui ont le plus de ressources (notamment en matière de richesse financière, mais aussi relationnelles) donc les plus "pauvres" restent loin de la formation, ce qui les éloigne encore plus de la vie sociale...
Illich évoque des pistes de réflexion qui permettraient de passer d'une scolarité prédigérée par l'élite, à une éducation qui nous aiderait à faire de nous ce que nous voulons être.
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