[Casino. T. 1, Dans la maison close ; Le train bleu ; La dernière vierge de Paris | Leone Frollo]

Il n’y avait rien de moins érotique que le tout venant des productions d’Elvifrance dans les années soixante-dix. Les titres tombaient presque tous des mains à peine saisis : Isabella, Maghella, Jacula, etc. Parfois, une série brillait parmi le tas de scories : Mortimer, Jungla, Contes malicieux et Shatane (le découpage syllabique donne tout son sens au nom de l’héroïne). Les deux derniers titres sont l’œuvre de Leone Frollo. Les influences graphiques du maestro italien sont pour l’essentiel des sources d’émerveillement dans mon enfance : Alex Raymond, Will Eisner, Harold Foster, Frank Frazetta, John Buscema, etc. Il était logique que le trait du « lion de Venise » me séduise au-delà du raisonnable. Aujourd’hui, Delcourt édite en version non censurée la série Casino (bordel en italien). La maison Blanche tenue par Madame Con, (Georgette en français), dans le Paris de la fin du XIXe siècle, s’inspire d’une maison de passe parisienne ayant existé, le One Two Two. La clientèle et les filles sont bon enfant. Les bourgeois sont membrés et les filles en famille. La perversité, la maladie et la souffrance n’ont pas de prise dans le claque de Georgette. Les prostituées sont bien typées. Il y a Dodo l’ingénue, la négresse Joséphine, Jeanne la cavalière sado, Franca la Bolognaise, Mimi, bien sous tous rapports, sauf au lit quand ses flatulences pestilentielles sonorisent les narines du client à chaque coup de rein. Il s’agira pour Georgette de trouver le pervers adéquat, en l’occurrence le marquis de Périgny, mélomane du pet, adepte des « flatuosités à répétition » de la belle Mimi. Ca ne vole pas haut mais ça ne patauge pas trop bas non plus. Quelques scénettes creusent les fossettes, étirent les sourires, à l’instar de la philosophie de Madame Georgette : « La vie entière est un bordel ». On comprend mieux que sa maison soit si bien tenue et que le lecteur ne s’emberlificote pas dans les fils d’Ariane. Le plaisir tarifé est la norme mais Leone Frollo se dépense sans compter sans se hausser du col. Le lecteur s’y retrouve et apprécie en connaisseur.

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