Un petit livre écrit par un éditorialiste du Monde , qui est censé mettre le doigt là ou ça fait mal. En 2030 il y aura 9 milliards d'humains sur la planète ; pourra t-on nourrir tout ce monde ?
L'auteur se livre à une compilation des menaces qui pèsent sur l'autosuffisance alimentaire dans les 20 prochaines années. Frédéric Lemaître est juste journaliste, il n'est pas scientifique, ni agronome ; il m'a semblé que son livre était surtout un long filet d'eau tiède. Certes il "dit" mais on pourrait attendre plus d'engagement, plus d'investigations, plus de prises de positions de sa part. D'ailleurs tout à fait dans le journalistiquement correct il fini son livre sur un constat optimiste que "les choses peuvent changer..." Mouais....
Petit condensé de menaces, pas du tout virtuelles... : Trop peu de surfaces cultivables. Que faire ? augmenter la productivité ? déboiser l"Amazonie et l'Afrique équatoriale pour avoir des terres arables ? Trop peu d'eau. Augmentation des zones désertiques, lessivement des sols à cause de l'irrigation (Asie de l'est et du sud-est )... et puis achat massif de terres arables dans les pays du tiers monde par les états du nord et les "nouveaux riches" de la planète mal pourvus sur le plan agricole : Japon, Corée du sud, Chine...pays qui ont acheté des millions d'hectares en Afrique et en Amérique du sud...Quand une pénurie alimentaire surviendra il est facile de comprendre que les cultures de ces terres ne bénéficieront pas aux indigènes... Main mise des multinationales semencières sur les graines (tient on retrouve Monsanto ! ), brevetage du vivant, rôle inadapté des grandes organisations onusiennes (FAO, Banque mondiale,FMI....) , n'en jetez plus...
Il est quand même une question que l'auteur n'aborde pas et qui est pourtant centrale, mais taboue aussi. N'y aurait-il pas trop d'êtres humains sur cette bonne vieille terre ? Je sais que Malthus n'a pas bonne presse mais il faut replacer dans son contexte les théories de l'économiste anglais. Au 19e siècle il voulait réduire la natalité des classes dangeureuses pour conserver la plus grosse part du gâteau aux"possédants". Aujourd'hui c'est différent. C'est la survie des possédants (on va dire les pays du Nord) ET des peuples du Sud qui est en cause.Car les présupposés onusiens sur l'enrichissement continu des paysans qui quittent leur terres pour aller travailler en ville, et donc accéder à un meilleur niveau de vie, et, donc faire moins d'enfants sont battus en brèche ; la pauvreté ne recule pas globalement , surtout en Afrique.
Note de lecture un peu longuette pour un petit livre finalement assez utile même si l'auteur fait l'impasse sur le concept de décroissance et passe très rapidement sur la promotion des cultures vivrières dans le Tiers-monde (ou elles sont remplacées par des cultures de rente destinées au Nord). Il aura au moins eu un mérite à mes yeux, me faire découvrir une phrase de Lamarck,le grand savant français dont la théorie du "Transformisme" butta sur celle de Darwin (le cou de la girafe qui s'allonge...vous connaissez ? ). Donc voici cette phrase qui, pour moi, résume tout. Ou presque...

" L'homme par son égoïsme trop peu clairvoyant pour ses propres intérêts, par son penchant à jouir de tout ce qui est à sa disposition, en un mot par son insouciance pour l'avenir et pour ses semblables, semble travailler à l'anéantissement des moyens de conservation et à la destruction même de sa propre espèce."

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