On m’a parlé d’un penseur qui passait son temps sous un arbre, à regarder souvent le ciel et quelquefois les pierres. Les gens qui passaient par là voyaient briller ses yeux et croyaient qu’il avait un secret. Le penseur mourut et il arrive qu’en cachette des gens s’assoient sous l’arbre pour percer « le secret du penseur ». Ils s’en retournent déçus. Par curiosité, j’y suis allé à mon tour. J’ai vu le ciel, les cailloux, et je me suis endormi.
Cette citation introductive est le seul texte de l’album. Lorenzo Mattotti est un poète capable de charmer avec des images d’une rare élégance qui évoquent plus que raconter. Chimère en est une belle illustration, il est comme un poème graphique qui s’exprime à l'intérieur d’un rêve, en narrant les pérégrinations de nuages animés, desquels des formes anthropomorphes jaillissent de fantaisies d'enfants, absorbés dans la contemplation du ciel.
La candeur des rêves et des nuages laisse, au fur et à mesure, la place aux ténèbres du cauchemar, définissant les silhouettes épouvantables d'animaux nocturnes jusqu'à un enchevêtrement sauvage du pinceau, qui annonce le prélude au réveil.
J’en redemande …
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