Karen Blixen revient sur les années qu'elle a passées au Kenya, sur une plantation de café mal placée géographiquement autour de la 1ère guerre mondiale.
Certains passages sont d'une poésie débordante d'amour pour la terre elle-même, et le contact privilégié vécu avec la nature et les gens du pays, qu'elle ne sépare pas, contrairement aux traités beaufs qui fleurissent en anglais ici ou là et qu'on pourrait résumer par "la France serait belle s'il n'y avait pas les Français".
On trouvera, si on le cherche à la trace, un peu de paternalisme (ici : maternalisme) ou quelques locutions désormais connotées : "indigènes", "nègres", etc qu'il serait mal venu de modifier du texte original sous prétexte que l'auteur n'est clairement pas raciste. De même, les safaris et sa chasse adorée ont des petits côtés "Tintin au Congo", mais WWF n'a pas encore mis le holà.
Mais cette concession à une époque ne m'empêche pas de percevoir le grand respect de Blixen pour "ses" Kikuyus, les Masais, les Somalis, etc., bien plus surprenant et précurseur. Jamais elle ne regarde de son haut les coutumes à côté desquelles elle vit, elle exprime parfois combien elles peuvent l'agacer, mais elle admet leur légitimité ou leur droit à être ; elle souligne combien ses propres coutumes et habitudes peuvent indisposer les Africains, symétriquement. De même, l'Européenne pudique qu'elle est (n'attendez pas la lecture croustillante de ses rapports avec son mari ou avec Denys Finch-Hatton que nous a jeté en pâture le film) ne se permet aucune réflexion outragée sur la nudité d'usage à telle ou telle occasion.
Les portraits et les petites anecdotes sont d'intérêt inégal selon moi, j'ai lu de nombreuses pages assez distraitement, voire en diagonale, c'est pourquoi je n'ai pas mis une note extrêmement élevée.
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