[L'Orda: quando gli albanesi eravamo noi | Gian Antonio Stella]
On se demande souvent, lorsque l'on prend connaissance des épisodes de racisme primaire qui font honte à l'Italie de nos jours, comment les Italiens on pu oublier si vite l'époque longue et encore récente (et sans doute de nouveau vivace) où "c'étaient eux, les Albanais", c'étaient eux, les émigrants. Or l'historiographie péninsulaire, avant cet ouvrage du journaliste Gian Antonio Stella, a refoulé (pis que d'oublier) deux événements honteux pour l'opinion: l'expérience coloniale (infructueuse et sans gloire) et l'émigration (qui a intéressé tant de familles dans la plupart des régions qu'on veut à tout prix s'en démarquer...).
Stella a fait ce que les historiens et autres intellectuels attitrés (ont-ils encore voix au chapitre en Italie, de toute façon?) n'ont pas eu le courage de dire: que l'analogie doit être assumée entre les immigrés en Italie d'aujourd'hui et les migrants italiens, que le phénomène est identique à la seule différence près d'un décalage de temps, et surtout que les Italiens jadis subirent les mêmes violences, humiliations, vexations, massacres mêmes (songeons à Aigues-Mortes...) qu'ils sont en train d'infliger de nos jours.
Depuis cet ouvrage qui eut quand même un certain écho auprès de tous ceux qui ne se sont pas laissés obnubiler par l'atrabile d'une Oriana Fallaci (ou autres Brigitte Bardot du même acabit...), le silence est rompu; dès lors, il n'y a que deux alternatives: l'adhésion humaniste et hospitalière ou le fallacieux distinguo "ouais mais quand même les nôtres étaient pas pareils" - toujours les bons migrants et les mauvais, comme dans l'Hexagone...
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