D'abord, ce n'est pas un livre sur la défense de l'environnement, malgré ce que le titre pourrait faire croire.
Les lecteurs habitués du Monde Diplomatique et des articles de Noam Chomsky n'apprendront vraisemblablement rien de plus, mais les autres bondiront à chaque page ou presque et se diront probablement, selon l'expression-fétiche des Français "c(e n)'est pas possible ! c'est incroyable ! ".
L'idéal wilsonien des Etats-unis d'Amérique est hégémonique : tout ira toujours mieux pour tout le monde si ce sont les Etats-Unis qui tiennent les rênes. On le savait. Mais qui mieux qu'un linguiste comme Chomsky aurait pu noter le glissement vers 1984, quand les mots démocratie et terrorisme deviennent interchangeables, selon que les Etats-Unis parlent d'eux-mêmes ou des autres ? Quand le gouvernement de la Turquie décide d'écouter son opinion publique hostile à la Guerre du Golfe, elle n'est pas loin d'être traitée d'état-voyou ; quand au mépris de son opinion publique, le gouvernement turc décide de rejoindre les USA contre l'Iraq, les premiers saluent les progrès démocratiques de la Turquie. Sans rire.
Cette même guerre du Golfe est expliquée par le menu et l'injustice faite à l'Iraq est criante, effrayante pour l'avenir des pays qui ont trempé leurs mains dans du sang innocent. Parlons aussi du Nicaragua (dont j'ignorais vraiment les tenants et aboutissants), de Cuba. En somme, les USA se sont arrogés le droit d'agresser tout pays qui ne leur semblait pas entrer dans le clientélisme, refuser le modèle économique en vigueur chez lui, sans que qui que ce soit puisse s'y opposer.
Le reste, étayé abondamment par ses sources journalistiques et autres, est à l'avenant et dans la mesure où les USA refusent d'amender leur programme d'armement et de se soumettre aux mêmes contrôles (notamment pour les "chemical weapons") que les autres pays, le pessimisme est de rigueur.
La lecture en progressant donne une impression d'insécurité croissante, avec une possibilité de révolte du Sud, menée par un Ezbollah ou un Al Quaïda soudain angélisés (et ils ont beau jeu, avec un tel adversaire !), et le climax est atteint avec la révélation du projet ultime des USA, qui donne des sueurs froides : la militarisation de l'espace, leur permettant de frapper n'importe quel point du globe.

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