Dernier tome, après 1972 et 1793, de la trilogie de fantasy historique de Bordage intitulée "L'enjomineur", 1794 conclue les intrigues croisées de Milo, le fils de fée des marais vendéens, et de Cornuaud, brigand nantais habité par une sorcière africaine, au milieu de la répression sanglante de l'insurrection vendéenne.
On suit avec plaisir les personnages de Paris au bocage vendéen en passant par Nantes. Outre les aspects liés au culte de Mithra, à mon avis un peu moins réussis que le reste, on suit les aventures de nos deux personnages principaux avec plaisir et intérêt. C'est l'occasion pour Bordage de continuer à développer un de ses thèmes favoris, l'extrémisme symptome des errements de l'esprit humain, tout en nous plongeant dans un de ces épisodes sombres que l'Histoire de France a si vite fait de rendre anecdotiques en oubliant les mariages républicains dans la Loire et autres méthodes pour se débarasser de ceux qui refusaient ces nouveaux maîtres tout aussi dures que les anciens. Les histoires nous permettent de mieux nous imprégner du tourbillon de l'Histoire et c'est là le plaisir principal de cette trilogie.
On retrouve le style de Bordage ainsi que son récit en alternance au rythme des chapitres consacrés à un unique personnage. Sans doute confortable pour l'auteur, ce découpage systématique en devient légèrement frustrant pour le lecteur habitué.
Quant aux personnages, j'ai apprécié de suivre Cornuaud le possédé dont le combat contre lui-même et la sorcière africaine rend le personnage intéressant. Je n'en dirais pas autant d'Emile, le "gentil", qui se retrouve au coeur du culte de Mithra et de la lutte entre celui-ci et les créatures de la nuit (sirènes et autres fadets). Celui-ci passe le plus gros du récit à subir les évènements, et lorsqu'il agit de lui-même (la scène au palais des glaces) ses motivations sont tout sauf claires et ne sont maladroitement expliquées que deux chapitres plus tard. C'est un peu léger pour un des moments forts de l'intrigue.
Bref, j'ai apprécié le contexte mais malheureusement moins le personnage principal. N'était-il pas finalement qu'un alibi pour se promener entre guérisseuse, sans-culottes et sacré-coeur dans une ambiance de fin des temps ?
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