A une époque indéterminée qui pourrait être la fin du 19e siècle ou le début du 20e, dans un pays imaginaire niché dans de profondes vallées alpestres qui pourrait bien être un clone de Suisse ou d'Autriche, et dans une langue archaïque qui ressemble diablement au vieil allemand, Brodek est chargé par l'assemblée du village de rédiger un rapport destiné aux Authorités afin d'expliquer le meurtre commis par les hommes du village sur un étranger de passage.
Plus que du rapport destiné à l'administration de l'Empire, Brodek ,étranger lui-même à la communauté villageoise de par ses origines, nous retracera sa vie depuis son arrivée au village ,enfant fuyant avec sa mère adoptive des pogroms perpétués dans un pays voisin.
Philippe Claudel a écrit un livre fort axé sur la peur, la frustation,que déclenche l'étranger, l'Autre, le nomade... lorsqu'il est confronté à des communautés sédentaires et soudées par l'histoire,les coutûmes,la langue...
Tout ce qui advient dans ce roman n'est qu'un décalque prémonitoire de ce qui adviendra "plus tard" ; le nationalisme,les camps de concentrations,l'ostracisme porté sur un peuple,la violence sans freins du pouvoir. C'est la force du livre d'universaliser ces concepts en "gommant" l'époque, le lieu. Mais il ne nous est pas trop difficile de voir dans ce qui arrive à Brodek , et le mot de "juif" n'est jamais écrit,la répétition (ou la prémonition), de ce qui arrivera dans le milieu du 20e siècle ; l'impensable, à savoir l'élimination programmée d'un peuple, la Shoah...
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