Mademoiselle Sunnymoon est une princesse « avec la peau jaunette, avec des yeux tabac et des ch’veux brou d’noix ». Son père, le roi, dépité par la mort de la reine, déclare la guerre à Donaldville. Comme dit le galonné de service au roi de sévices : « Mais Sire… » et le monarque rétorque : « Assez ! ». Pétrification, noirceur, dénuement n’atteignent pas la garcelette du château. Elle ressemble d’ailleurs à une grande duduche binoclarde préado très conventionnelle. Perdue dans ses livres et ses cours de danse classique, elle ne remarque même pas que le marin accoudé à une boîte aux lettres, dans la rue et qui la reluque est un ogre. S’ensuivent quelques échanges de politesse entre l’ogre maigre et la princesse longiligne qui se ponctuent au surin dans la brouillard, non sans culpabilité chez le quartier-maître Barnabé Bean. Heureusement pour le déroulement de l’histoire, il y a erreur sur la personne et le trucidé est un policier en faction. Les histoires courtes se succèdent sans vraiment s’emboîter. Sunnymoon fume des brunes, des Mozambique. Glandant sur son sofa, elle glisse la main sous son collant jusqu’à son « carré de verdure ». « C’est tout chaudâsse et humidâsse. La jungle. » Un serpent doué de parole débarque dans son appartement en passant par la bonde. Les récits sont débridés, foutraques, inventifs, drôles, oniriques, remplis de clins d’œil. Si l’ensemble est souvent amusant avec quelques subtilités et des trouvailles graphiques disséminées, la lecture n’est pas totalement enthousiasmante peut-être à cause du badinage et du personnage central peu convaincant. A en croire Winshluss, dans un entretien donné récemment à Charlie Hebdo, la découverte du travail de Blutch l’avait littéralement stérilisé. Il s’est repris depuis, pour mon plus grand bonheur. Peut-être que le propos du génial Winshluss m’a fait prendre en trop grande considération une bande dessinée presque anecdotique dans la production potache de Fluide glacial ?

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