Alors que dans son précédent livre, "Dans le scriptorium", Auster campait un auteur qui tentait vainement de se remémorer les romans qu'il avait écrits, ce livre-ci est écrit à la première personne par un écrivain au terme de sa vie dont les souvenirs l'empêchent de trouver le sommeil. Alors, au coeur de la nuit, August Brill - c'est son nom - invente dans sa tête une histoire qui se déroule en Amérique de nos jours, mais une Amérique qui serait livrée à une nouvelle guerre civile. Pour mettre fin à cette guerre, Brick, le "héros" de cette histoire est chargé par de mystérieux commanditaires d'assassiner l'écrivain qui en est l'auteur, c'est-à-dire Brill lui-même. Scénario intriguant digne d'un Philip K. Dick. Mais Auster, comme dans plusieurs de ces derniers livres (notamment le très frustrant "La nuit de l'Oracle") se retient de "croire" en l'histoire que son personnage invente. Il s'intéresse davantage aux ratés de la fiction qu'à la fiction elle-même. On pourrait résumer brutalement en disant qu'il "tourne autour du pot" mais ce serait injuste car il y aussi quelque chose de fascinant dans son écriture que je ne saurais décrire que par cette métaphore : Auster jongle superbement avec les mots et avec les livres. Comme devant un spectacle de jonglage, on se dit parfois que c'est un peu vain, pourquoi faut-il ajouter une balle de plus, ou encore une quille ? Mais on ne peut s'empêcher de regarder - et ici de lire -, fasciné.
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