La lecture de la première partie du livre m'a consternée. On y vit la Révolution culturelle chinoise dans sa cruauté et son aberration. C'est triste.
Zhu Xiao-Mei, dont le talent de pianiste se manifeste très tôt, est entrée au Conservatoire de Pékin. La première année se passe à peu près bien; elle travaille le piano avec acharnement.. Mais elle est "de mauvaise origine". Accusée, par surcroît, de "mauvaises pensées", elle doit, à 12 ans, faire publiquement son autocritique et elle restera longtemps en butte au rejet et à la suspicion. Elle voudrait devenir une bonne révolutionnaire. Elle en veut à ses parents d'être ce qu'ils sont:: des bourgeois férus de culture occidentale, donc impérialiste et décadente.Elle cherche à se racheter: elle participe avec ardeur aux séances de dénonciation et de critiques.Elle dit maintenant:
" La Révolution culturelle m'a salie. Elle a fait de moi une coupable. A un moment donné, elle a même tué en moi le sens moral.J'ai critiqué mes semblables, je les ai méprisés, accusés de fautes graves, j'ai enquêté sur leur passé, pris part activement à un processus de destruction collective. Comment effacer cette tache?"
Il vient un temps où ses professeurs eux-mêmes sont accusés de révisionnisme, humiliés et battus.Certains se suicident.Au Conservatoire, on n'étudie plus que le petit livre rouge. Puis, en 1969, toutes les écoles artistiques de Pékin sont envoyées en camp de rééducation..Xiao-Mei restera cinq ans au camp 4619.
Elle en ressortira avec un amour de la musique intact.Elle n'hésite pas longtemps, elle s'expatrie aux Etats-Unis,où elle rencontrera bien des difficultés, puis s'installera en France et commencera, à quarante ans, la carrière de pianiste virtuose dont elle rêvait. Elle a, aujourd'hui, la nationalité française, enseigne au Conservatoire et donne des concerts un peu partout.
Un beau livre de courage et de résilience.
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