Mon avis:
Ca risque d'être long parce que la lecture de ce livre a, pour moi, été problématique sur plusieurs points.
Vous avez vu le film ou lu le livre "Le Scaphandre et le Papillon"? Livre de cet homme, complètement paralysé, qui l'a écrit à force de clignement de son seul oeil encore valide.
C'est de lui qu'il s'agit. Je ne l'ai ni lu, ni vu, mais j'en ai, évidemment entendu parlé.
L'auteure de "la fausse veuve" a été l'amante, l'autre femme, de cet homme et est donc devenue, à sa mort "la fausse veuve".
Je trouve l'histoire fascinante. J'aurais pu accrocher. Mais le style m'a complètement rebuté.
La forme:
Il y a d'abord cet alternance systématique entre le tu et le vous. Non seulement ça n'apporte rien, mais ça gêne la lecture. On balance d'un pied sur l'autre, sans finalement rentrer dans le texte.
Et puis des mots comme "en live" et autres petites expression de djeuns qui ne s'intègre pas du tout au style général du reste du texte et qui, en plus, mis entre guillemet pue à 100 lieue à la ronde une recherche forcée d'un style. Style qui, du coup, semble laborieux.
Et que dire de la construction du récit? Elle alterne les chapitres sur son enfance, ceux sur sa vie avec cet homme avant et après l'accident, ceux sur son ressentiment envers l'hôpital, les médias, la famille...
Sans aucune évolution, harmonie. Les retours fréquents en arrières sont cahotiques et n'apportent souvent rien.
On assiste à une juxtaposition peu pertinente de moments de sa vie. Sans introspection.
C'est bordélique et l'écriture est médiocre.
Ex: "On était au mois d'août et la climatisation ne risquait pas de trouer la couche d'ozone"
J'ai parfois l'impression qu'elle écrit comme j'écris à mon journal intime. D'un jet. En superposant, présent, passé, futur, rancœur, amour, nostalgie, dans un lourd effet stylisé.
(Heu oui, oui j'écris comme ça dans mon journal intime, c'est souvent pathétique dailleurs, amsi au moins je le publie pas!)
Le fond:
Je ne suis pas non plus complètement négative sur ce livre. J'ai, à de (rares) (bons) moments, réussi à être touchée par cette femme qui lache parfois des perles de bonheur, de douceur ou de douleur, au hasard d'une ligne.
C'est ce qui fait dire à certains qu'on est mal à l'aise d'être ainsi mis face aux sentiments les plus personnels de cette femme. Pour moi, c'est le seul intérêt de ce livre.
Oui Madame Ben Sadoun, un lecteur lit pour s'approprier une autre vie. Si vous le supportez si mal, si vous le vivez comme un viol, et je le comprends, pourquoi réitérez-vous l'expérience en écrivant ce livre?
C'est contradictoire et ça met le lecteur dans une position ambigüe: accepter ou pas d'être touchée cette femme qui ne veut surtout pas qu'on s'identifie à elle.
Moi non plus je ne voudrais pas qu'on dissèque les moments les plus durs de ma vie autour d'une coupe de champagne avant de parler des derniers résultats sportifs. Alors, je ne publierai pas un livre sur ma vie.
C'est facile!
Conclusion
Le style est destabilisant, il empêche l'identification, la compréhension, mais je crois justement que c'est ce que l'auteure a voulu.
Je ne pense pas qu'elle voulait émouvoir. Même pas toucher ou interpeller. Juste dire son orgueil et sa douleur de femme amoureuse et blessée.
Dire, sans se livrer. Mais dans ce cas on en fait pas un livre.
Enfin moi ce que j'en dis.
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