Afrika ! Adieu ! Où vont tes os creux ? Dario Ferrer semble être revenu de tout sauf de ses cauchemars. Il défend, arme au poing, un parc national africain contre les braconniers qui se font « épauler » au besoin par un tireur d’élite, mercenaire soviétique sans identité. Une journaliste parachutée et recommandée par un ami de Ferrer vient semer la zizanie et accessoirement la mort, par bévue interposée. Elle veut obtenir un reportage sur le braconnage et Dario, bon bougon qui se respecte, l’emmène en rechignant sur les lieux du crime. Ils décident de franchir la rivière, véritable Rubicon géographique, qui sépare les Etats car une fumée noire de mauvais augure indique qu’un carnage vient d’avoir lieu. Ferrer aimerait passer son chemin mais la journaliste insiste. Trop tard ! Sa voiture est identifiée. Aussitôt, la chasse à l’homme s’enclenche. Un tueur pugnace au menton fuyant les course mais Ferrer est un ancien barbouze, il sait ce que « carte blanche » signifie.
Quoi penser de ce one shot d’Hermann ? Probablement plus de mal que de bien, hélas ! Cet auteur m’a fait rêver avec ses rotring magiques quand il s’attelait aux séries « Commanche » et « Bernard Prince » sur scénario de Greg pour le Journal Tintin. Ensuite vint « Jeremiah » et « Bois Maury », séries sans ossature écrite mais servies par un dessin parfois somptueux. Découpage nerveux et couleurs évocatrices restituaient un climat prenant. Puis, de fil cassé en aiguille tordue, le tricotage a fini par s’effilocher. C’est vrai aussi qu’« Afrika » est un sursaut salutaire d’Hermann par rapport à ses précédentes productions vraiment maigrichonnes. Le scénario présente beaucoup de faiblesses bien qu’il soit bâti sur des ellipses. Ainsi, comment Ferrer sait-il, en si peu de temps et sans contact, qu’une fiesta est donnée à l’ambassade du coin et qu’elle contient les massacreurs du village africain ? Pourquoi Hermann montre-t-il la femme de Ferrer comme une Africaine volage, prête à tout pour aller en Europe ? Elle cède plutôt facilement et rapidement au pourceau qui la courtise. Est-ce que la femme africaine peut toujours s’acheter avec de la verroterie ? Cette vision misogyne de l’auteur est franchement déplaisante. Le dessin en couleur directe, quant à lui, paraît de plus en plus confus. Les personnages sont approximativement dessinés. Les seules planches qui pourraient être réussies concernent la grande faune du continent noir mais les animaux paraissent être tirés de clichés photographiques d’un National Geographic quelconque. Toutefois, la chasse à l’homme dans la jungle est efficacement rendue. On peut regretter le baroud d’honneur de Dario Ferrer, psychologiquement incompréhensible et incroyablement puéril. Un comble pour un homme qui en a tant vu et tant fait !

----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur Wikipedia]