Aspects qui m'ont interpellé: - la démarche de valorisation de la culture identitaire propre d'une migrante ouest-africaine, de sa tradition sociale et religieuse, de ses croyances et non da sa "capacité d'intégration dans le pays d'accueil": une démarche qui nous fait doulouresement défaut en France (le livre est traduit de l'anglais et édité aux Etats-Unis); v. par exemple la phrase: "Les indigènes ont autant de mal à concevoir une vie sans communauté que les Occidentaux à en imaginer une au sein d'une communauté" (p. 42)
- le fait, comme l'indique justement la cit. ci-dessus, que cette démarche se situe dans l'anti-anthropologie (occidentale) méthodologique, scientifique, voire même stylistique, chose qui se reflète donc également dans une prose non linéaire, non didactique, mais sans doute proche de la narration (quelque peu décousue et répétitive) de la palabre; v. aussi les sympathiques petits dessins qui séparent chaque paragraphe, parfois guère plus long qu'une phrase ou deux...
- avoir appris une masse d'informations sur les croyances animistes de cette partie de l'Afrique rurale, lesquelles se retrouvent aussi parfois dans tout autres traditions philosophiques et religieuses (ex. parler au foetus à travers sa mère pour lui demander que viendra-t-il faire dans ce monde) comme la réincarnation hindouiste-bouddhique, une conception de la spiritualité de l'amour qui m'a presque fait penser au néoplatonisme etc. etc.
- avoir compris que le mode de vie individualiste et isolé qui prévaut en Occident (surtout qui est préconisé en France par peur du fameux "communautarisme") est exactement aux antipodes des aspirations et des traditions de vie des ruraux de cette partie d'Afrique (pauvres migrants!).
Aspects qui m'ont rebuté: - la démarche très "new age" de manuel d'instruction au bonheur;
- par conséquent l'ambition de transposer cette "sagesse de l'Afrique" "au service de nos relations", le "nos" voulant dire "occidentales";
- la superficialité qu'implique cette sorte de démarche, comme si tout pouvait se résoudre en traçant un cercle de cendre et en s'y plaçant à l'intérieur, pour faire un rituel; le comble: "Même si, en Occident, nous n'avons pas de communautés comme celles qui existent dans le monde indigène, nous avons néanmoins des cercles d'amis [...] Alors, plutôt que de les inviter le week-end prochain pour une grillade, on peut leur téléphoner pour qu'ils viennent prendre place avec nous dans un espace rituel". (p. 117)
- également un simplisme excessif par rapport à un Occident vécu seulement à la surface, tout comme les Orientalistes voyaient l'Orient naguère; ex. "En Occident, de nombreux couples rompront plutôt que de faire face à certains problèmes" (p. 122)
- en général, et c'est ma critique la plus profonde, la sensation de simplification excessive, de divulgation immédiate (voire même marchande) qui émane de l'ensemble. Post scriptum de l'éditrice: l'auteure et son mari sont disponibles pour animer des stages et conférences en Europe. Sans commentaire.
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