Je m'avoue assez déçu par ce dernier petit ouvrage de Nancy Huston. Elle a tellement écrit avec justesse et talent sur le travail de création de l'écrivain (il faut lire absolument son "Journal de la création") que je me régalais à l'avance de ce livre consacré à la place que tient la fiction dans nos vies d'humains. Oscillant entre livre historique, livre de philo, ou encore livre de morale, ce texte manque de cette vérité criante que j'aime retrouver dans les écrits de la romancière franco-canadienne. Choisissant d'écrire sous forme d'aphorismes très généraux, donnant à mon grand regret très peu d'exemples de ce qu'elle avance, N.H. tombe souvent à mon avis dans le raccourci simplificateur voire simpliste. Un exemple parmi quelques autres : "Comme le terrorisme n'est ni plus ni moins que le résultat de mauvaises fictions, ce que nos gouvernements devraient faire, au lieu de fabriquer toujours plus d'armements, c'est, dans les pays où il sévit, favoriser l'éducation, et promouvoir par tous les moyens possibles la traduction, la publication et la distribution des chefs d'oeuvre de la littérature mondiale." Nancy, je ne vous reconnais pas du tout dans cet exercice de café du commerce !
Mais, permettez-moi de trouver malgré tout des excuses à ma romancière préférée. Nancy Huston me fait toujours penser à un Don Quichotte qui, bravement se lance à l'assaut des moulins qui lui font de l'ombre. Même si je l'ai trouvée souvent plus inspirée, son plaidoyer pour le roman livre parfois de belles pages, comme celles où elle nous raconte le roman intitulé "Mister Pip" du néo-zélandais Lloyd Jones, un roman-hommage au pouvoir de la littérature qu'elle m'a donné envie de lire très vite ! Ah Nancy, si vous nous aviez parlé un peu plus de vos frissons de lectrice, votre essai en aurait gagné en vérité. La prochaine fois ?
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