« Il s’est passé quelque chose. » C’est avec ces mots que Jean Cassou tentait en 1953 d’exprimer la singularité de l’identité de la Résistance. Le livre de Cécile Vast montre com-ment l’expérience de ce « quelque chose » a progressivement modelé une identité de ré-sistant et il en dégage les grandes composantes (témoigner, volonté de maîtriser le temps, dimension légendaire, responsabilité sociale, élitisme, idéal unitaire, identification à la France, éthique de l’action). Utilisant aussi bien l’approche historique que les outils d’analyse de l’anthropologie, de la phénoménologie et des sciences cognitives, il propose une histoire re-nouvelée de l’ensemble formé par les mouvements non communistes de la zone sud, regroupés en 1943 dans les Mouvements unis de résistance (MUR) et le Mouvement de libération nationale (MLN). Il rompt avec la vision d’un bloc uniforme, révélant au contraire des ma-nières différentes de vivre et de faire la Résistance selon les lieux, les échelles, les préoccupa-tions, les cultures et les niveaux de responsabilité. Il éclaire en particulier le passage d’une résistance de témoignage qui, entre 1940 et 1942, ne différencie pas les résistants de la masse des Français occupés, à la vision élitiste de la Résistance, distincte du reste de la population, qui lui succède en 1943-1944. |