Auteur d'une œuvre considérable (cinquante-huit livres, plus d'un millier d'articles), Jacques Ellul (1912-1994) est cependant resté dans l'ombre toute sa vie. Critique de la modernité technique à l'époque des Trente Glorieuses, réticent à l'égard des utopies séculières au temps du "Tout est Politique", en dialogue exigeant avec le marxisme lorsque celui-ci, véritable "idéologie dominante ", ne souffrait aucune mise en question, confessant sa foi chrétienne quand on ne parlait que de fin de la religion, il ne fit preuve d'aucune complaisance à l'endroit des modes intellectuelles et culturelles. On le redécouvre aujourd'hui, plus de dix années après sa mort, en se disant qu'il avait peut-être tout simplement eu raison trop tôt, avant tout le monde. Sa critique de la société technicienne, en particulier, rencontre un écho grandissant dans les milieux écologistes et altermondialistes, mais aussi auprès de nombre de nos contemporains soucieux de l'avenir de la planète et des générations futures. Intellectuel protestant du XXe siècle, Jacques Ellul se révèle être un penseur du XXIe siècle : un homme de notre temps, qui nous aide à comprendre notre condition moderne, et plus particulièrement la mission des chrétiens pour aujourd'hui.