Détective privé adorant l'alcool et le tabac, qu'il consomme sans aucune modération, Canardo traîne son air de canard désabusé dans un monde animalier qui ressemble à s'y méprendre au nôtre. Vêtu de son éternel imperméable – digne de celui de Colombo –, un mégot au bec, il se retrouve en face d'énigmes qu'il tente de résoudre comme il peut.

Avec cynisme et sans aucune complaisance, Benoît Sokal dresse, à travers Canardo un portrait extrêmement sombre de notre société. Pour autant, l'univers de Canardo peut compter sur quelques pépites de l'imagination débordante de Benoît Sokal. Par exemple dans l'album « L'Amerzone », Canardo se retrouve plongé au coeur d'une jungle imaginaire (évidemment très proche de l'Amazonie) pour une aventure trop chaude, trop infestée de moustiques pour un adepte des zincs chaleureux et enfumés. Pourtant l'expédition découvre une espèce d'oiseaux blancs sans pattes qui vivent au sommet d'une chaîne de volcans, planant et se nourrissant en permanence des courants d'airs chauds.

Rien ne manque au héros, pas même ce je-ne-sais-quoi dans le regard qui bouleverse les dames, de drôles d'oiselles en l'occurrence.