Une quinzaine d'années me séparent de ce Journal qui paraît en ce mois de février 2010, mais quelle importance ? Je me reconnais d'autant mieux dans celui que j'étais à cette époque que le besoin qui me poussait à tenir un Journal ne m'a pas quitté. Ce besoin est apparu à l'adolescence quand, écrasé d'angoisse, j'ai pris conscience que le temps m'entraînait inéluctablement vers la mort. Pour éviter que tout disparaisse de ma petite existence, il fallait que je réagisse, que je garde trace de ce que je vivais, que je recueille dans des notes le meilleur de ce qui m'était donné. Ce Journal a également rempli une autre fonction. Il m'a permis de réaliser une autoanalyse et de naître à moi-même, de déposer mes fardeaux et de devenir celui que j'avais à être. Les années ont passé et l'automne tant attendu a fini par venir. L'automne, saison du déclin, mais aussi saison des récoltes, de l'abondance, de la maturité. En ces mois de l'année, la lumière qui certains jours inonde les champs n'est plus celle de l'été. De même, sous l'effet du temps écoulé, la lumière interne s'est modifiée. Enfin stable, apaisée, elle est désormais plus claire et plus vive.