Fritz Lang est, avec Griffith, Chaplin, Feuillade, Dreyer et von Stroheim, l'un des pionniers qui ont fondé le cinéma comme art. Il est aussi le premier des modernes, influençant directement ses contemporains Eisenstein qui admire le montage des Mabuse, Buñuel qui trouve sa vocation en voyant Les Trois Lumières, Hitchcock qui découvre dans ses films les règles du suspense. De l'Allemagne de Weimar à la montée du nazisme, de la Dépression en Amérique à la Deuxième Guerre mondiale, l'œuvre de Lang est,
en quarante films, le sismographe des grands bouleversements du XXe siècle. Elle est aussi en rapport étroit avec les esthétiques de son temps,
de l'expressionnisme, pour les années 1920, au réalisme du cinéma parlant de M. et à la stylisation des grands films criminels de la période hollywoodienne. Michel Ciment analyse le parcours riche et chaotique de ce cinéaste perfectionniste qui, avant tout autre, a pressenti le rôle à venir de l'image et des médias, tout en s'interrogeant sur l'homme face à son destin, sur la loi et la justice. |