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2 livres correspondent à cette oeuvre.

Il y a actuellement 2 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).

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Mots-clés associés à cette oeuvre :

[La pluie jaune | Julio Llamazares]
Auteur    Message
Franz



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 01 Déc 2006
Messages: 1996
Localisation: Nîmes

Posté: Sam 04 Juil 2015 17:47
MessageSujet du message: [La pluie jaune | Julio Llamazares]
Commentaires : 2 >>

Ainielle, un village imaginaire aragonais, perché dans la montagne pyrénéenne, meurt du départ sans retour de ses habitants tentés par une vie meilleure ailleurs. Andrés de Casa Sosas, le dernier homme du village, sait que ses jours sont comptés. Sa solitude est tangible dix ans après le suicide de sa femme Sabina, percluse de chagrin. Seule sa fidèle chienne lui emboite encore le pas. Les maisons inhabitées finissent par s’écrouler selon l’ordre chronologique de leur abandon. Il aura fallu cent ans pour les construire et quatre ans suffiront à les anéantir, les réduisant en un tas informe dissimulé sous les orties. Avec la mort de l’ultime habitant, la mémoire disparaîtra, ensevelissant le passé sous une chape d’oubli et d’indifférence.
Il n’existe aucune échappatoire dans le récit de Julio Llamazares. Le lecteur peut se demander comment et pourquoi un auteur de 33 ans arrive à se glisser dans l’esprit d’un agonisant. Le seul bémol à cette élégie tient au style. Bien que simples, les mots coulent avec aisance et construisent un discours juste, profond mais en porte-à-faux avec la pensée d’un villageois plus habitué à poser des collets qu’à discourir sur le temps et la mort. La symbolique du jaune empèse un peu le récit. Hormis cela, l’auteur espagnol sait construire son histoire et l’émailler d’évènements surprenants aptes à retenir l’attention du lecteur. Llamazares est un styliste et un poète. Il s’est contenu pour crédibiliser le ressassement d’Andrés mais parfois la beauté d’une métaphore filée embrase le roman : « Le flux du temps est pareil au cours de la rivière : mélancolique et trompeur au début, il court après lui-même à mesure que fuient les années. Comme elle, il s’enroule autour des ulves tendres et de la mousse de l’enfance. Comme elle, il se jette dans les défilés et les précipices qui marquent le début de son accélération. Jusqu’à vingt ou trente ans, on croit que le temps est un fleuve infini, une substance étrange qui s’alimente d’elle-même et ne se consume jamais. Mais il arrive un moment où l’homme découvre la trahison des ans. […] Les jours et les années commencent à raccourcir et le temps devient une vapeur éphémère […] Et ainsi, quand nous voulons réaliser, il est trop tard déjà, même pour tenter de se révolter ».
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[La pluie jaune | Julio Llamazares, Michèle Planel]
Auteur    Message
ingannmic



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 22 Aoû 2008
Messages: 737
Localisation: Mérignac

Posté: Dim 01 Juil 2012 19:45
MessageSujet du message: [La pluie jaune | Julio Llamazares, Michèle Planel]
Commentaires : 2 >>

"La pluie jaune" est l'histoire d'une lente agonie, ou plutôt de deux agonies qui se confondent, se mêlent pour n'en former plus qu'une : celle d'un homme et de son village.

Ainielle, petite bourgade des Pyrénées espagnoles, n'est plus que l'ombre d'elle-même. Peu à peu, tous ses habitants l'ont désertée, en partant pour un ailleurs plus prometteur, ou emportés par la mort, tout simplement.
Les granges et les habitations de pierre et de bois, privées de la chaleur et de l'activité humaines, subissent les assauts d'un milieu naturel qui se fait, en hiver, particulièrement hostile.

Le village n'est plus peuplé que d'ombres, de fantômes, d'une chienne et de son maître, Andrès, 60 ans, qui ne songe pas un seul instant à rejoindre la société des hommes. Ainielle, c'est sa vie, le nid de ses souvenirs, c'est lui. Sa maison, c'est l'héritage sacré de son père, que son propre fils a dédaigné en partant vivre à l'étranger quelques années auparavant. Andrès ne lui a jamais pardonné cet abandon.
Ce n'est même pas un combat perdu d'avance : il ne lutte pas vraiment, mais sa présence en ces lieux s'impose, sa place ne peut être ailleurs.

La mort rôde, approche, s'insinue, symbolisée par cette pluie jaune qui déteint progressivement sur tout son environnement ; c'est ainsi du moins que le perçoit le narrateur.
Au fil de longs mois qui vont forcément voir cette mort triompher, ainsi qu'il nous l'annonce d'emblée, il finit par perdre la notion du temps qui s'étire. La réalité elle-même devient de moins en moins palpable, les hallucinations -à moins qu'il ne s'agisse vraiment des fantômes surgis du passé d'Andrès ?- s'imposant à son esprit avec d'autant plus de force que la fin approche, faisant souffrir l'homme comme le village, dont les poutres et les portes se lamentent...

"La pluie jaune" est un récit d'une mélancolie intensément douloureuse, qui exsude le malheur inéluctable, et un profond sentiment d'abandon.
Mais c'est aussi un récit très beau, porté par l'écriture à la fois sobre et éloquente de Julio Llamazares.


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