2 livres correspondent à cette oeuvre.
Il y a actuellement 2 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).
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[Elisée Reclus - Géographe, anarchiste, écologiste | Jea...] |
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Chimèle
Sexe: Inscrit le: 29 Juil 2007 Messages: 123 Localisation: Drôme
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Posté: Mar 24 Mai 2011 19:46
Sujet du message: [Elisée Reclus - Géographe, anarchiste, écologiste | Jea...]
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A part son "titre" (pas du tout universitaire) de géographe, j'ignorais tout d'Elisée Reclus. Ce fut une très belle découverte, celle d'un homme droit, attachant, un homme de conviction, un homme vivant dans le XIXème siècle et le vivant pleinement.
Il est l'auteur de la "Nouvelle Géographie Universelle", 19 tomes, plus de 20 années à parcourir le monde, à pied le plus souvent, puis à écrire, chaque jour régulièrement.
On pourrait craindre un personnage (et du coup un livre ennuyeux). De l'enfance à Sainte Foix la Grande à la vie du "clan Reclus" (frères, soeurs, enfants , gendres, neveux...), de la Commune de Paris et de l'exil en Suisse à son dernier amour en Belgique, le récit est passionnant. Elisée Reclus est aimé de l'auteur et il nous fait aimer cet être rare, fervent amoureux de la Terre et de la Liberté.
Dans la préface :
"L'homme fut un grand savant, l'inventeur d'une nouvelle géographie, un voyant et un écrivain de génie...
Il fut ce "doux entêté de vertu" qu'admirait son ami Nadar."Le type du vrai puritain dans sa manière de vivre et au point de vue intellectuel le type du philosophe encyclopédiste français du XVIIIème siècle" selon son camarade Kropotkine ."
Ne manquent que quelques photos.
Pour goûter à son écriture poétique, j'ai envie de lire "Histoire d'un ruisseau" et "Histoire d'une montagne"
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[Elisée Reclus - Géographe, anarchiste, écologiste | Jea...] |
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Auteur |
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Message |
apo
Sexe: Inscrit le: 23 Aoû 2007 Messages: 1959 Localisation: Ile-de-France
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Posté: Ven 29 Oct 2010 10:44
Sujet du message: [Elisée Reclus - Géographe, anarchiste, écologiste | Jea...]
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Commentaires : 0 >> |
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Après des décennies d'oubli suite à une très vaste renommée de son vivant, nous connaissions, grâce à Yves Lacoste, l'auteur de l'immense traité encyclopédique Nouvelle Géographie Universelle se composant de quelques vingt mille pages rédigées au cours de presque deux décennies, ainsi que d'une vaste série d'autres ouvrages géographiques aussi ambitieux que novateurs.
J'ignorais, pour ma part, les deux autres volets que le célèbre neurobiologiste Jean-Didier Vincent met en exergue de la biographie de son héros concitoyen : l'anarchiste et l'écologiste. Je retire en plus de cette biographie amoureuse sous forme d'épopée, dont le style parvient sans doute à s'identifier avec celui du géographe, le portrait d'un homme aussi exceptionnel qu'emblématique de son éducation et de son temps.
L'éducation, caractérisée par l'austérité ainsi que par l'omniprésence des sentiments de justice et de religiosité, c'est celle du protestantisme de son pasteur de père, poursuivie dans ses études théologiques en Allemagne. Elle aura pour conséquences sa première révolution intime, qui le mènera à un athéisme militant, mais aussi à une grande et précoce aise à voyager et à s'établir à l'étranger - Allemagne, Angleterre, Irlande, Louisiane, Colombie, Suisse, Algérie, Belgique. Peut-être également, sur un plan plus métaphysique, le dirigera-t-elle vers ses relations si étrangement fusionnelles avec la Terre et avec l'Homme (deux maîtres-mots de toute son oeuvre), sans parler des femmes, aimées jusqu'à la fin d'amours libres et librement consenties défiant tout le choc et la réprobation de l'époque, trois objets d'amour donc, inconditionnel, sur lesquels il déversera par l'exploration, le nomadisme et la fraternité (de l'une et des autres pareillement), son chant d'espoir ininterrompu, ainsi que toute son espérance transcendantale muée du religieux.
Issu de son temps aussi. Comme tous ces hommes épris de liberté, dont la jeunesse se forgea en 1848 et l'âge adulte connut les pires humiliations morales et vexations physiques -réclusion, exil - en 70, à la suite de leur engagement pendant la Commune de Paris ; sans oublier l'ostracisme définitif de l'institution universitaire ni les constantes tracasseries policières qui le repoussèrent souvent hors de France.
C'était le lot de ces idéologues de l'entraide et de la solidarité universelle, parmi lesquels il eut sa place auprès notamment de son "frère fratrissime" Elie, son alter ego réservé et pessimiste, avec qui il vécut longtemps, ainsi que de son ami de toute la vie, Kropotkine. Son célèbre discours de février 1905, prononcé le lendemain de la tentative de révolution russe et quelques semaines avant son décès, donne le ton de cet anarchisme plutôt distant du style pamphlétaire, par son degré élevé d'abstraction et d'idéalisme. A noter aussi sa perspective d'origine protestante, centrée sur la responsabilité individuelle ainsi que sur ce qui se comprend aujourd'hui comme une révolution tout intime dans l'accession du sujet à la liberté, notamment dans la question des relations homme-femme.
Cette position excentrée révèle à la fois sa gêne par rapport aux actes violents de certains anarchistes de la dernière décennie du XIXe s. - la "terreur noire" - notamment "l'admiration ambiguë qu'il portait à Ravachol" (p. 335), et aussi ses propres contradictions sur la question coloniale, alors même que l'une de ses grandes causes avait été la dénonciation de l'esclavagisme.
L'écologisme de Reclus, enfin, recèle aussi une part de contradiction, dans la mesure où une dénonciation très précoce des dangers d'épuisement des ressources naturelles ainsi que de ceux de la technique à l'égard de la conquête individuelle de la liberté ne lui fut pas suffisante à se soustraire au positivisme et à la foi dans le progrès, si propres à son temps.
PS. "Comment admirer, aimer la petite individualité charmante de la fleur, comment se sentir frère avec l'animal [...] quand on ne voit pas aussi dans les hommes de chers compagnons, à moins pourtant qu'on ne les fuie à force d'amour, afin d'éviter les blessures morales qui viennent du haineux, de l'hypocrite ou de l'indifférent. " (E.R., L'Homme et la Terre, cit. p. 405).
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