"L'ange sur le toit" regroupe dix nouvelles dans lesquelles Russell Banks s'attache à dépeindre des moments de vie souvent ordinaires, dont il parvient à mettre subtilement en évidence les détails révélateurs du mal-être plus ou moins profond de ses personnages.
Il y est rarement question de drame, mais plutôt de ces petits incidents qui jalonnent l'existence de tout un chacun, ces événements a priori anodins qui laissent des marques sans que l'on s'en aperçoive de prime abord, dont on ne saisit l'importance qu'avec le recul.

Ses héros ne connaissent pas de destins remarquables, sont souvent issus des classes moyennes et/ou laborieuses. La plupart d'entre eux sont divorcés ou séparés, certains sont alcooliques, d'autres recèlent une violence sous-jacente qui menace à chaque instant d'éclater.

Il se dégage de l'ensemble des textes une intense mélancolie, exprimée de diverses manières, avec plus ou moins de force, qui se nourrit des regrets que l'on n'évoque pas mais que l'on ressent inconsciemment de façon permanente, des chances que l'on n'a pas su saisir, des malentendus occasionnées par les non-dits.

Il ne s'y passe finalement pas grand-chose, et pourtant, je ne me suis à aucun moment ennuyée, rapidement séduite par le ton à la fois sobre et mélancolique de l'ensemble, et par ces individus qui avec leurs faiblesses, leur courage aussi parfois, nous ressemblent, dans leurs tentatives de composer, bon gré mal gré, avec un quotidien qui s'avère rarement à la hauteur de leurs espérances.

Malgré un regard sans misérabilisme, il y a aussi une sorte de douceur, d'humanité, dans la façon dont Russell Banks dépeint ses personnages, comme s'il éprouvait une tendresse particulière pour tous ces hommes et ces femmes aux destins cabossés et pour leurs faiblesses.

J'ai, pour résumer, passé avec ce recueil un excellent moment de lecture...