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Les notes de lectures recherchées

6 livres correspondent à cette oeuvre.

Il y a actuellement 5 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).

Notation moyenne de ce livre : (5 livres correspondant à cette oeuvre ont été notés)

Mots-clés associés à cette oeuvre : adolescence, adolescente, enfance, fugue, pauvrete, reve, solitude, sud des etats-unis

[Frankie Addams | Carson McCULLERS]
Auteur    Message
ingannmic



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 22 Aoû 2008
Messages: 737
Localisation: Mérignac

Posté: Mer 11 Sep 2013 19:24
MessageSujet du message: [Frankie Addams | Carson McCULLERS]
Commentaires : 0 >>

Ce ne sont pas tant aux événements qui affectent les individus que s'intéresse Carson McCullers, qu'aux résonances de ces événements sur leur psychologie et leur comportement.
En brossant le portrait, à un moment clé de sa vie de jeune adolescente, de son héroïne "Frankie Addams", elle démontre une fois de plus toute l'ampleur de son talent à exprimer les états d'âme de ses personnages.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Frankie a 12 ans. Orpheline de mère, elle vit avec un père souvent absent, accaparé par le travail d'horloger qu'il exerce au sein de sa propre affaire. Avant d'avoir eu le temps de s'y préparer, la voilà devenue une grande perche, mal à l'aise dans un corps grandi trop vite. Frankie tourne en rond, erre dans les rues plombées par la canicule de sa petite ville de Géorgie, ressassant des pensées obsédantes et décousues.

Elle se sent seule et différente, voudrait être quelqu'un d'autre, et ne trouve plus de réconfort dans la familière compagnie de Bérénice, la vieille cuisinière noire, ni dans celle de son cousin John Henry, encore dans l'insouciance de ses six ans, qui subit avec patience les sautes d'humeur de la jeune fille.
En manque de clés pour appréhender les changements qui s'opèrent en elle, Frankie est à la fois frustrée et bouleversée. Elle est aussi profondément effrayée, son angoisse à l'idée de vivre un futur destin qu'elle n'aurait pas choisi le disputant à sa peur de grandir... Elle éprouve à la fois un sentiment d'oppression, d'enfermement qui la pousse à vouloir partir, quitter un quotidien où rien d'excitant n'arrive jamais, et un irrépressible besoin d'affection, de se sentir appartenir à un groupe, à une famille.

Elle est d'ailleurs persuadée d'avoir trouvé la solution à toutes ces angoisses... Son frère, qui vivait depuis plusieurs années en Alaska, est venu leur annoncer son mariage prochain. Frankie est alors littéralement tombée amoureuse, non pas de son frère et de sa future belle-sœur, mais de l'entité qu'ils forment tous deux en tant que couple. Il ne lui tarde plus qu'une chose : avoir assisté au mariage pour pouvoir partir vivre avec les jeunes tourtereaux, et devenir une partie indissociable de ce "nous" qu'ils constitueront alors tous les trois...

Carson McCullers est une véritable magicienne, capable de nous transporter littéralement au cœur de son récit. Elle nous donne l'impression de vivre l'intrigue de l'intérieur, d'approcher ses personnages au point de pouvoir les toucher. Le lecteur est spontanément ému par le mal-être de son héroïne, par la maladresse brutale avec laquelle elle appréhende ces nouvelles sensations qui la submergent. A l'unisson des états d'âme de Frankie, l'atmosphère du roman se fait poisseuse et étouffante. Le rythme est en général plutôt lent, parfois atteint de soubresauts, au gré des raisonnements désordonnés de l'adolescente.

Un titre qui renforce toute l'admiration que m'inspirait déjà l'auteure...


BOOK'ING
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[Frankie Addams | Carson McCullers]
Auteur    Message
C-Maupin



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 06 Mai 2006
Messages: 1917

Posté: Sam 13 Mar 2010 15:17
MessageSujet du message: [Frankie Addams | Carson McCullers]
Commentaires : 0 >>

Commentaires de Gérard :
Bien que l'histoire ne dure que deux jours, ce roman présente quelques longueurs — ou plutôt lenteurs, qui traduisent bien la langueur de ce sud de États-Unis. Malgré cela, il se lit assez bien. Il exprime, parfois implicitement, les problèmes que se pose une adolescente de 12 ans mais déjà très mature, et en particulier le fait d'être "elle-même" et comment assumer l'impossibilité d'en sortir.
On retrouve des thèmes proches de "Le cœur est un chasseur solitaire".
J'aime bien aussi ses variations autour du "nous" (par exemple : « ils sont tous deux mon nous à moi»).

et de C-Maupin
Quel talent pour dépeindre le mal-être d'une adolescente ! Quel talent pour dépeindre la langueur d'un mois d'août qui n'en finit pas !
Même si ce roman n'a pas la puissance des deux autres romans de Carson McCullers, je l'ai beaucoup aimé, je ne m'y suis pas ennuyée malgré sa lenteur, j'ai apprécié les portraits des trois personnages, évidemment l'adolescente mal dans sa peau, mais aussi le gamin sans cesse rabroué plein d'admiration et de spontanéité et la sagesse de la cuisinière noire.
J'ai également apprécié la construction de ce roman, la plus longue partie qui décrit en détail une journée de Frankie et tous ses problèmes d'adolescente en crise, suivie de quelques pages rapides pour indiquer les drames concrets et brutaux survenus dans les mois suivants...
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[Frankie Addams | Carson McCullers]
Auteur    Message
parsifal



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 16 Sep 2007
Messages: 457
Localisation: Belgique

Posté: Mar 17 Juin 2008 23:14
MessageSujet du message: [Frankie Addams | Carson McCullers]
Commentaires : 0 >>

J’adore la façon dont McCullers a créé ce personnage d’adolescente solitaire auquel on s’attache vite, on ressent très fort par le jeu de l’écriture sa difficulté de grandir, de trouver sa place dans le vaste monde, on partage son ennui, ses envies, ses espoirs vains.

Son personnage sonne extrêmement juste, c’est un portrait vraiment saisissant, mais par ailleurs guère sympathique car son égoïsme peut aller jusqu’à la cruauté.
On trouve dans ce roman une quantité de petites réflexions intéressantes sur le temps qui passe, le monde, les relations qui se créent entre les individus, …

Ce fut une lecture plaisante même si l’auteure a préféré donner à ce livre une fin quelque peu douloureuse.
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[Frankie Addams | Carson McCULLERS]
Auteur    Message
sentinelle



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 26 Juin 2007
Messages: 228
Localisation: Bruxelles

Posté: Sam 17 Mai 2008 18:34
MessageSujet du message: [Frankie Addams | Carson McCULLERS]
Commentaires : 0 >>

Citation:
« C’est arrivé au cours de cet été si vert qu’on en devenait fou. Frankie avait douze ans. Elle n’était membre de rien, cet été-là. Elle ne faisait pas partie d’aucun club, ni de quoi que ce soit au monde. Elle se sentait sans aucune attache, et elle rôdait autour des portes, et elle avait peur. »


C’est ainsi que début ce très beau roman de Carson McCullers.

Frankie Addams, grande godiche aux jambes de sauterelle, a douze ans, l’âge ingrat au possible : ce n’est plus l’âge de jouer avec les petits ni celui de s’endormir dans la chambre de papa mais ce n’est pas non plus celui de rejoindre les membres du club des grandes filles. Pour Frankie Addams, la vie se résume à cette angoisse de n’être membre de rien, de ne pas se sentir relier au monde, à cette peur de grandir trop vite :

Citation:
« Elle était debout devant le miroir, et elle se sentait effrayée. Cet été-là était pour elle l’été de la peur – et parmi toutes ses peurs, il y en avait une qu’on pouvait calculer mathématiquement, en posant sur une table un papier et un crayon. Cet été-là, elle avait douze ans et dix mois. Elle mesurait un mètre soixante-six, et chaussait du quarante. Depuis l’an dernier, selon sa propre estimation, elle avait grandi de dix centimètres. Déjà les horribles petites gosses qui jouaient dans la rue cet été-là lui criaient à tue-tête : « Est-ce qu’il fait froid, là-haut ». Et les réflexions des grandes personnes lui donnaient des secousses dans les talons. Si elle était destinée à grandir jusqu’à dix-huit ans, cela durerait encore cinq ans et deux mois. Donc, d’après ses calculs mathématiques, si elle ne trouvait d’ici là aucun moyen de s’arrêter, elle finirait par mesurer deux mètres soixante-quatorze. Et qu’est-ce que c’était qu’une personne qui mesurait deux mètres soixante-quatorze ? C’était un phénomène de foire. »


Elle veut partir, s’en aller, filer en Amérique du Sud, à Hollywood ou à New York, au point de préparer plusieurs fois sa valise tout en étant incapable de choisir entre ces trois destinations. Alors elle se contente de rôder dans la cuisine en compagnie de la cuisinière noire Bérénice et son petit cousin.

Rôder et ruminer dans cette cuisine alors qu’elle veut découvrir le monde, mais le monde, qu’est-ce donc ? Quelque chose d’immense, de fissuré, de si mal ajusté ! Comment trouver sa place dans ce monde lorsqu’on a tellement de mal à se trouver soi-même, lorsque tout ce que l’on voit ou tout ce que l’on entend a quelque chose d’inachevé ? Et elle sent un poids terrible dans sa poitrine : elle devient quelqu’un qui traîne, qui n’arrête pas de manger, qui n’a pas le droit d’exister. Impression que tout a disparu et qu’on l’a laissée seule au monde.

Jusqu’au jour où elle apprend que son frère va se marier avec Janice.
Ce mariage est peut-être l’occasion rêvée de n’être plus seule au monde : ils pourraient être tous deux son « nous » à elle, elle pourrait les suivre après la cérémonie, voyager en leur compagnie, devenir membre de leur mariage, être ensemble tout en étant soi-même.
Faire enfin partie du grand tout : savourer le bonheur d’accéder à un nous, de se sentir relier aux autres et relier à elle-même.


Oui mais…

Drame de la désillusion, du monde séparé de soi, potentiellement hostile et source d’anxiété, Carson McCullers nous retrace cette traversée du désert qui conduit de l’enfance à l’âge adulte avec beaucoup de finesse.

Je laisse la dernière parole à Bérénice, la cuisinière noire de la maison de Frankie :

Citation:
« Tous on est comme des prisonniers. On vient au monde dans un endroit ou dans un autre, et on ne sait pas pourquoi. Mais on est quand même prisonniers. Toi, tu es née Frankie. John Henry, il est né John Henry. Et peut-être qu'on voudrait s'évader et être libre. Mais on a beau faire, toujours on reste prisonnier. Moi je suis moi et toi, tu es toi, et lui il est lui. Chacun de nous est comme prisonnier de lui-même. »


A noter : « Frankie Addams » est le roman à partir duquel fut librement adapté sous le titre de « L’effrontée » le film joué par Charlotte Gainsbourg et réalisé par Claude Miller en 1985.
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[Frankie Addams | Carson McCULLERS]
Auteur    Message
andras



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 20 Sep 2005
Messages: 1800
Localisation: Ste Foy les Lyon (69) -- France

Posté: Sam 25 Aoû 2007 15:22
MessageSujet du message: [Frankie Addams | Carson McCULLERS]
Commentaires : 0 >>

J'ai du mal à parler de ce livre. J'ai parfois eu l'impression de lire un chef d'oeuvre (tout au début notamment) et à d'autres moments le livre me tombait des mains au point que dans le dernier tiers j'ai sauté plusieurs pages. L'auteur nous fait partager quelques jours de la vie d'une gamine de 12 ans, Frankie (ou Frances), de sa nounou noire Bérénice (ou Bé'énice, comme elle dirait, en mangeant les 'r') et d'un petit voisin plus jeune, John Henry. Ces gens là sont très modestes et la seule richesse de Frankie, ce sont ses rêves d'évasion de ce milieu étriqué.
Tout est banal et la force du livre est de nous faire partager cette banalité du quotidien au point de ressentir intiment le besoin de fuir qu'éprouve Frankie. Mais cette banalité est parfois pesante pour le lecteur aussi et il lui prend l'envie de passer à un autre livre même si quelques formules, en particulier celles qui nous disent l'ailleurs de Frankie, nous retiennent dans cet univers glauque. Ce livre m'a fait penser parfois à "La conjuration des imbeciles" de John Kennedy Toole, mais je trouve qu'il n'en a tout de même pas la force.
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