4 livres correspondent à cette oeuvre.
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Lun 19 Oct 2020 11:58
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L’esthétique de l’effroi.
Victor épie Alec et surprend des bribes qui l’amènent vers sa relation passée avec Léna, aujourd’hui mariée et mère de deux enfants. Bien décidé à faire du mal au manipulateur sournois et sans scrupule qu’est Alec Rindt, Victor guette le moment où il pourra atteindre Léna. A sa grande surprise, Victor assiste incrédule au suicide par noyade de Léna Stihr qui a été bouleversée par sa rencontre inattendue avec Alec. Victor sauve Léna et se trouve malgré lui auréolé du prestige du héros auprès de la famille Stihr mais Léna est rongée par sa passivité morbide que l’apparition d’Alec a ravivée. Léna comprend que sa vie bourgeoise et rangée est un leurre. Puisqu’elle n’a pu se supprimer, elle va agir en conséquence. Une course contre la montre s’est aussi engagée auprès du couple d’anarchistes bien décidé à faire exploser une bombe la veille de la fermeture de l’Exposition universelle.
Le quatrième volume clôt parfaitement la série. Le talentueux Wilfrid Lupano a ourdi son histoire de manière à entraîner personnages et lecteurs dans des directions inattendues, mariant habilement destinée sociale, corruption et amours maudits. Chacun cherche son chemin et aboutit souvent dans une impasse ou une voie de garage, la richesse extérieure n’y changeant rien. Bien que le récit soit daté, l’univers corseté, le scénariste a su le distordre, le biaiser et y insuffler un discours contemporain. Yannick Corboz possède de multiples qualités. Son trait et sa mise en couleur sont expressives. Il sait mettre du mouvement dans ses cases et ses planches. La richesse visuelle qui émane de son travail distille charme et plaisir. Le duo d’auteurs cimenté par l’amitié est en mesure de donner naissance à de nouvelles créations enthousiasmantes.
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Auteur |
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Ven 16 Oct 2020 16:41
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Les tourments de l’âme.
Dans le Vienne de la Belle Epoque, les fêtes privées battent leur plein. Décorum en stuc, panoplies égyptiennes, alcools forts, nudités affichées participent de l’orgie. Klement, devenu paraplégique après l’attentat du restaurant, orchestrateur de la bacchanale, tente de noyer son désarroi et son amertume dans la débauche acide et l’ironie amère. Accompagné par Victor, son exécuteur, il envisage de rejoindre Paris au prétexte de l’Exposition universelle où il sait qu’Alec gîte. Victor souhaite se venger du riche gandin qui a précipité sa chute en le manipulant sans scrupule. A Paris, la Ville lumière où la fée électricité s’expose, un couple d’anarchistes fomente un attentat cornaqué en sous-main par Alec désireux que la société exécrée se volatilise. Tout pourrait suivre le chemin de la catastrophe programmée si Alec ne croisait Lena, intensément aimé dans le passé. A la destruction meurtrière va se greffer la folie amoureuse, peut-être plus dévastatrice encore.
Le troisième tome prend une direction inattendue, déplaçant l’intrigue sur Paris, la ville des plaisirs et de l’amour. Un romantisme noir distille son venin à mesure que les personnages avancent dans une histoire minée. Le dessin plus hâtif, moins maîtrisé que dans les tomes précédents, esquisse, transformant les protagonistes en pantins ectoplasmiques. Paradoxalement, ils semblent davantage animés, grotesques ricanant empêtrés dans une tragédie qui les dépasse, férocement.
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Auteur |
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Jeu 08 Oct 2020 15:52
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Le côté obscur de la farce.
Apprenti tailleur de pierre, Victor semble anticiper son destin de futur casseur de caillou dans un quelconque bagne patenté. En effet, le jeune homme plonge dans la délinquance après qu’un grand bourgeois désœuvré l’a déniaisé en lui promettant une vie luxueuse et en lui coupant brutalement tout crédit, le rendant à sa condition ouvrière indigente, ce coup bas dans le but de métamorphoser un honnête besogneux en un être menaçant la bonne société. Après son attentat dans un restaurant huppé, Victor est pris en chasse par la police. Recueilli par un chômeur appartenant à un groupuscule antisémite, Victor apprend que son père a été incarcéré afin d’écoper à sa place. Victor nourrit l’idée de le délivrer en kidnappant et en détroussant Mathilde, une prostituée, tout en faisant pression sur un juge fréquentant assidument la maison close où officie Mathilde à laquelle il tient. Par ses actions, Victor va entraîner un engrenage chaotique et sanglant qu’il ne maîtrise ni ne comprend.
Le second tome de la quadrilogie surprend par le tour de vis pris dans le récit et l’aspect sombre développé. Le monde de luxe et d’artifice cher au bourgeois du premier volume est contrebalancé ici par l’envers du décor fait de piaules misérables, de ruelles malfamées, de tristes hôpitaux. Les coups bas tombent et ils font mal. Critique nuancé de la société, le scénariste construit un parcours individuel nourri de rencontres hasardeuses et d’idées faussées et montre en filigrane le déterminisme social ainsi que le poids du conformisme dans une société inégalitaire. Une nouvelle fois, la dernière case incite à lire la suite.
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Jeu 24 Sep 2020 15:35
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Lupanar.
Vienne, en 1900, va révolutionner l’art et la pensée (Schiele, Klimt, Freud, l’Art nouveau, etc.) mais sous l’opulence, la jouissance et l’insouciance, toute une vie laborieuse, brutale et soumise entretient le système élitiste. Victor, jeune homme destiné à une vie besogneuse est repéré par hasard, dans la rue, par deux nantis, Alec et Klement, bien décidés à transformer un quidam sur sa bonne mine en ennemi juré de la société. Alec, oisif et spécieux, anticipe l’avènement des masses laborieuses et imagine façonner un innocent du peuple, le manipuler afin qu’il devienne un support humain à son geste créatif, un brasier en puissance. Si Victor accepte la générosité d’Alec qu’il croit désintéressée, il n’imagine pas la déflagration qu’elle va engendrer. Avec l’argent facile, Victor goûte à des plaisirs inimaginables pour une personne de sa classe.
Conçu en quatre tomes, « L’assassin qu’elle mérite » démarre plein pot (de fleur) dans la capitale autrichienne. Bien rythmé, le récit est sans temps mort, servi par de bons dialogues. Victor dégage autant d’empathie que d’agacement face à ses envies, ses emportements et les coups qu’il encaisse en retour de quelques frivolités. Au pays de Freud, la folie couve. Bien dans le ton de l’ensemble, la fin pétaradante appelle une suite dans la foulée. Le dessin de Yannick Corboz est diablement expressif, évoquant l’expressionnisme et son cinéma à l’exemple du « Cabinet du docteur Caligari » de Robert Wiene. Les contrastes graphiques en ombre et lumière sont encore accentués par les coloristes qui utilisent les bleus et les rouges à bon escient.
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