Chaque jour un homme vient lire à une petite fille prénommée Alice le texte éponyme de Lewis Carroll. L'enfant est clouée à son lit d'hôpital par une longue et douloureuse maladie. Il faut croire aux histoires, disent les livres. Alice au pays des merveilles sauvera-t-elle Alice au pays des souffrances ? Jean-Marie Gourio, l'auteur des « Brèves de comptoir », aborde le plus déchirant des sujets. Accompagné de son lapin blanc, Alice sort de son monde de papier pour venir dans la chambre d'hôpital. Giono, Nabokov, Mac Orlan, Steinbeck viennent aussi à la rescousse. Les poèmes de Fargue, Eluard, Roger Gilbert-Lecomte sont au goutte-à-goutte. Toute la littérature se met en quatre pour tenter une rémission. Avec « Alice dans les livres ».
Jean-Marie Gourio aborde ici avec délicatesse et virtuosité un sujet des plus durs, l’agonie d’une enfant, et parvient à en faire, sans jamais trahir ses personnages, prêtant la parole aux objets et héros de papier, un extraordinaire chant choral qui nous emmène au-delà du miroir.

« je suis une petite fille de six ans sous morphine. Je m’appelle Alice et je suis en train de mourir. Mourir, c’est quoi ? demande au vent Alice au pays des merveilles. Le vent siffle, mais ne répond pas. Morphine fine ! Par ma moustache ! Quelle heure est-il, crie le lapin blanc. Tout est noir au-dessus de la tête d’Alice. Devant elle s’étend un couloir où l’on voit le lapin blanc courir à toute vitesse. Elle a juste le temps de l’entendre dire, en tournant le coin : Par mes oreilles et mes moustaches, comme il se fait tard ! Alice au pays des souffrances tourne le coin à son tour, mais le lapin a disparu. »

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