Effacement.
Le recueil de poèmes composé par Georges Bonnet à la fin de sa très longue vie s'illumine de frêles éclats, de souvenirs fugaces, d'instants fragiles, d'échos assourdis. La mémoire travaille sans relâche les souvenirs. Le poète y appose les mots simples de tous les jours mais il les agence tel un orfèvre horloger afin qu'ils assonent en sourdine, éveillent l'attention et surprennent par des chutes à la fois discrètes et percutantes. L'auteur prend congé de la vie avec tact, acceptant son sort et s'effaçant à mesure que la nuit s'installe : "Tant de choses/autour de lui/Brûlent/sans bruit". Georges Bonnet "connaît la richesse des effleurements". Une sensorialité subtile émane des brefs poèmes apposés sur un beau papier dans une mise en page aérée. Une fois entamée, il est difficile de stopper la lecture tant le plaisir et la curiosité mêlés sont entraînants. On comprend alors que les mots précis et les métaphores élégantes intensifient le plaisir à vivre : "Un présent/au cœur d'abeilles".
Il est sensible
à l'étrangeté
de l'immobile
Aux très lentes
transmissions
des ruines
Aux crépuscules
infinis
Quand l'ombre
se déboise
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