[La cellule : enquête sur les attentats du 13 novembre 2015 | Soren Seelow, Kévin Jackson ; Nicolas Otero]
La cellule dégrise.
Le terrorisme islamiste orchestré par Daech a frappé Paris et Bruxelles en 2015 et 2016 avec un pic mortifère le 13 novembre 2015 au Bataclan et aux terrasses parisiennes. Le djihadiste belgo-marocain Aldelhamid Abaaoud (1987-2015) est le commandant opérationnel des attentats.
L’enquête de Soren Seelow, journaliste au Monde, étayée par les connaissances de Kévin Jackson, directeur d’études du Centre d’analyse du terrorisme, a nécessité presque cinq années de travail. Documentée, s’appuyant sur des sources avérées, elle reconstitue la mise en place d’une cellule terroriste prévue pour frapper l’Occident avec une prédilection pour la France et la Belgique d’autant qu’Abaaoud, l’un des fomenteurs, est un Belge francophone. D’ailleurs le « convoi de la mort » frappera l’Est parisien soit des lieux au débouché de l’autoroute du Nord. Le travail de synthèse des auteurs permet de brosser et de préciser les contours de la nébuleuse djihadiste. En respectant la chronologie des sinistres événements, le lecteur relie les pièces d’un puzzle que les médias d’époque ont rendu confus et il prend conscience de la logique mortifère en action, les attaques coordonnées simultanément dans plusieurs endroits par des hommes surarmés et déterminés. On frémit en voyant le visage jeune et souriant du tueur Abaaoud, effrayant de décontraction. Par la force des ellipses, on imagine les lieux des carnages, l’horreur des victimes. La narration est puissante, introduisant le processus létal avec l’arrestation de l’Algérien Bilal Chatra, sorte de fil rouge et concluant la tragédie avec ce même djihadiste écroué qui promet de nous abattre à l’arme blanche. La réalisation graphique de Nicolas Otero est remarquable par ses partis pris (noir & blanc, aplats d’ombres, insertion de photographies) qui caractérisent l’enquête d’investigation et renforcent l’aspect documentaire. L’ensemble est fluide et cohérent, évocateur et percutant. La bédé est captivante ; le lecteur en sort hébété.
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