[Le dernier livre de Madrigaux : poèmes | Philippe Jaccottet]
Embarqué dans la lumière.
Comme un faire-part de feuille, la plaquette diaphane et posthume du poète de Grignan est une invitation à traverser les époques et les apparences, à embouquer les chenaux et les passes, dans l’emberlificotement de la vie, par les lumières diffractées et les ombres portées, jusqu’au seuil, au-delà, vers l’indicible.
Philippe Jaccottet (1925-2021) a cinquante-neuf ans quand il conçoit ses madrigaux en 1984. L’influence italienne est prégnante (Monteverdi, Dante) : « Au printemps de cette année-là… j’avais l’esprit imprégné de musiques, de paroles, d’images italiennes qui s’étaient déposés en moi… ». Le madrigal, chant profane a cappella, s’est développé à la Renaissance. Jaccottet emprunte de cette l’époque les métaphores d’usage : chasse, tournois, char, lances, flèches, etc. La rêverie fait voguer le poète et le transporte naturellement, des saisons de l’année aux saisons d’une vie, du plain-chant de l’été : « Tous les blés flambent » à la musique vocale sotto-voce : « Et maintenant, tu te retrouves seul devant le feu dans ta cabane ». Invariablement mélancolique, la poésie n’est jamais aussi puissante que lorsqu’elle évoque brièvement, furtivement, en s’ancrant à la simple nature, l’éclat de la joie : « cette braise qui a sauté contre son cœur », dans la finitude du monde.
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