[La Seconde Semaison : carnets 1980-1994 | Philippe Jaccottet]
La lumière dessine le monde.
Le poète tente de traduire dans ses proses imagées le dialogue entretenu par les éléments constitutifs d’un paysage (les accords orchestrés par la lumière entre arbres, herbes, ruisseau, etc.) apte à faire naître et à entretenir chez Philippe Jaccottet des réminiscences et des sentiments, à laisser entrevoir un monde qui se dérobe. Entre la beauté éternelle qu’il faudrait saisir dans son jaillissement et l’humaine condition taraudée par l’oubli et l’aveuglement, le poète cherche et tâtonne avec des mots qu’il reprend sans cesse afin qu’ils disent au mieux la place de l’homme passager dans un univers mouvant. A lire les notes classées chronologiquement de 1980 à 1994, le lecteur ne peut qu’être captivé par une recherche autant formelle qu’existentielle. Le poète revient inlassablement sur la nature qui l’entoure, s’attarde sur des aspects particuliers, une floraison, une lumière, une eau vive et tente d’approcher la source de ses impressions mais les mots s’accordent souvent entre eux pour dire autre chose, esquiver la réalité, amoindrir le propos alors le poète hésitant ébauche, échafaude, édifie une nouvelle approche. De ces courts textes se dégagent de la ferveur et de l’effarement, une plénitude qui s’atteint dans les vides et les ombres, dans l’esquisse inachevée du monde.
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