[La geste des Princes-Démons. 4, Le visage du démon | Jack Vance]
Lens Larque, la brute répugnante.
Kirth Gersen, aventurier dilettante et justicier intermittent a donné rendez-vous sur la planète Aloysius à Jehan Addels, gestionnaire de la fortune spoliée par Gersen à la société de rançonnage Interéchanges. Profitant de l’atterrissage imminent d’un vaisseau spatial appartenant au Prince-Démon Lens Larque, Kirth Gersen souhaite intenter un procès au propriétaire au prétexte d’un différend mineur resté sans suite. Gersen a besoin de s’appuyer sur les compétences d’Addels pour monter une procédure légale afin d’imposer la présence de Lens Larque à un jugement qui sinon tournerait invariablement en sa défaveur. En l’extirpant de sa clandestinité, Gersen espère régler le compte du Prince-Démon une bonne fois pour toute mais Lens Larque est rude à abattre. Kirth Gersen va devoir se rendre sur la planète d’origine de Larque, Dar Sai afin de dénicher le renégat démoniaque mais le désert inhumain est l’élément du Prince-Démon et Gersen devra adapter ses méthodes en conséquence.
4e tome sur cinq de La geste des Princes-Démons, « Le Visage du démon » paraît en 1979 aux Etats-Unis et en 1982 en France soit seize ans après le 1er volume, Le Prince des étoiles (1964). Entretemps, Jack Vance (1916-2013) n’a pas chômé avec l’écriture de plusieurs cycles dont le Cycle de Tschaï (1968-1970), Les Chronique de Durdane (1973-1974) et Le Cycle d’Alastor (1973-1978) sans compter ses romans de science-fiction, de fantasy ou policiers, ses multiples nouvelles. Cette quatrième aventure de Kirth Gersen demeure aussi enthousiasmante que les précédentes même si le modus operandi de l’aventurier justicier change. Gersen emploie des démarches légales pour confondre, appréhender et liquider le Prince-Démon dont la psychologie se dérobe sans cesse et la physionomie échappe à toutes les approches. A ce titre, Lens Larque est bien à l’image du diable, invisible, insaisissable et inoubliable. Dans ce roman, tout concourt au dépaysement, ainsi de la planète policée d’Aloysius avec ses bas-fonds cosmopolites à l’exemple du sordide quartier de Wigalville et son restaurant de la rue Pilkamp, la Taude de Tintle où le voyageur revenu de tout peut encore s’épouvanter face aux denrées de la planète Dar Sai servies par des femmes moustachues avec, au menu : « Chatowsies, Pourrian, Ahagaree ». Dans le désert de Dar Sai, les taudes des Darsh, des parasols géants, réfrigèrent l’air par écoulement d’eau et constituent des oasis pour les Darsh, mineurs extrayant les duodécimates dont les banquiers de la planète Methel tirent profit.
Il serait intéressant de voir comment Jack Vance croise ses impressions de voyage pour les injecter dans ses romans. Chaque Prince-Démon tire dans son sillage un exécuteur patenté, Hildemar Dasce pour Attel Malagate le Monstre, Seuman Otwal chez Kokor Hekkus ou encore Ottile Panshaw, le régisseur de la Kotzash pour le compte de Lens Larque. Chaque aventure voit aussi l’apparition d’une femme sublime que Gersen séduit et délaisse immanquablement afin de ne pas l’exposer dangereusement. A la fin de sa quête, Kirth Gersen, comme le poète, peut songer : « Tout est dépense./Tout est désert./Au grand miroir de nos mains vides » [André Velter, « La vie en dansant »].
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