[La geste des Princes-Démons. 2, La machine à tuer | Jack Vance]
Kokor Hekkus le féroce.
Kokor Hekkus, l’un des cinq Princes-Démons coupables de l’épouvantable tuerie de la ville de Mount Pleasant sur la planète Providence est dans le collimateur de Kirth Gersen, survivant de l’holocauste. Gersen est devenu un aventurier des confins en apparence mais un justicier monomaniaque en son âme et conscience. Inapte à la vie amoureuse et sociale, Gersen est aguerri aux armes et au combat rapproché ainsi qu’à l’utilisation des poisons. A l’affût et sur ses gardes, entraîné, méthodique et déterminé, il traque un à un les Princes-Démons comme si sa vie intérieure en dépendait. La vengeance chevillée au souffle, Kirth Gersen n’a de cesse d’éliminer des meurtriers intouchables alors même que des décennies se sont écoulées et que les Princes-Démons se souviennent à peine des atrocités commises à Mount Pleasant.
Se voyant confier une mission par la CCPI (la police interplanétaire de l’Oecumène) dans l’Au-Delà, Kirth Gersen l’accomplit avec diligence mais Mr Hoskins, sa cible est elle-même prise en tenaille par le mystérieux Billy Windle, désireux d’entrer en possession de documents détonants détenus par Hoskins. Windle pourrait être l’incarnation de Kokor Hekkus, un kourgarou immortel de la planète Thamber. En contrariant les plans insondables de Kokor Hekkus, Gersen l’a mis en fureur. Deux hommes fauves, policés en apparence vont devoir se rencontrer et lutter à mort mais Hekkus possède une démesure inhumaine et sait changer d’apparence à son gré. Gersen devra user de son intelligence et de son opportunisme sans compter s’il veut vaincre le mal personnifié. En fouinant, Gersen découvre l’ampleur du plan du Prince-Démon. Une série de kidnappings contre rançons sonnantes et trébuchantes est orchestrée depuis Interéchanges, une organisation privée et indépendante, jouant les intermédiaires neutres entre les voleurs et les volés. Les otages sont détenus dans des conditions plus ou moins correctes selon leur rang social et leurs ressources pécuniaires en attendant leur délivrance après règlement des sommes fixées par le malfrat. Kirth Gersen, mandaté par une riche famille de l’Institut pour délivrer leurs enfants, y découvre la somme hallucinante de dix milliards d’UVS fixée par la détenue elle-même, Alusz Iphigenia Erperue-Tokay, princesse de la mythique planète Thamber. Âprement convoitée par Kokor Hekkus, Alusz Iphigenia cherche à se protéger de la prédation d’Hekkus mais ce dernier, par l’accumulation des rapts et des rançons s’approchent toujours un peu plus de la rançon délirante imposée par la princesse. Gersen est tout aussi intrigué par la somme de 427 685 UVS fixée pour la remise en liberté de Myron Patch, un ingénieur de la planète Krokinole. En payant sa rançon Kirth Gersen se rend actionnaire de l’entreprise de Patch qui était chargée de construire pour Kokor Hekkus une effrayante machine à tuer en forme de scolopendre destinée à la planète Thamber.
« The Killing Machine » (1964) est publié en français en 1969 aux éditions Opta dans la collection Galaxie. « La machine à tuer » poursuit l’épopée de Kirth Gersen inscrite dans la geste des Princes-Démons. Alors que le premier opus flirtait avec l’enquête policière, le second tome prend davantage le tournant de l’aventure et de la fantasy. La planète Thamber où Kokor Hekkus a son fief et ses habitudes délétères, enfin dévoilée, recèle son lot de surprises. Kirth Gersen essuie des revers qui ne sont pas sans saveur à l’instar de son incarcération à Interéchanges. Son combat épique pour préserver la virginité d’Iphigenia contre un redoutable guerrier Tadousko-Oï ne semble tenir que par l’énergie du désespoir : « A côté du corps noir et noueux, le sien semblait livide et élastique ».
Passionnant à lire pour les aficionados du Sieur Jack Vance, « La geste des Princes-Démons » est riche d’une intrigue rebondissante et fluide ainsi que d’une action soutenue et surprenante. Le lecteur peut s’amuser des situations prodigieuses et de l’exotisme de planètes aux mœurs insolites mais l’inventivité de l’auteur se déploie aussi dans les noms des protagonistes et des planètes, de Krokinole à Kokor Hekkus. Le nom du Prince-Démon évoque le chant du coq quand le kourgarou promet un métissage grandguignolesque : « Quand le kourgarou joue le boogie-woogie bougalou ».
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